Qui perd gagne

Lorsque l’on voit où en est aujourd’hui Yanno, on se demande si cela vaut vraiment le coup de gagner les élections ! Après avoir pris un wash aux législatives, puis le go aux municipales de mars dernier, ce vaincu se retrouve président du congrès en partance pour New York où il va prendre la parole à l’ONU… Jour de gloire ! Mais l’affaire ne passe pas aussi bien dans l’opinion, et l’on entend la grogne. Qui a pu s’imaginer que les électeurs qui se sont engagés par leur vote à s’opposer à son ambition, allaient accepter sans coup férir que sorti par la porte, Yanno puisse revenir par la fenêtre ? Une colère basée sur les sentiments mêlés d’injustice et d’indécence.

Voilà pour le ressenti populaire, mais comme tel il est réducteur. Les jeux de la politique et leurs règles, sont ainsi conçus qu’il faut s’interroger sur les motivations ayant conduit les signataires du PGS (Pacte de Gouvernance Solidaire) à faire le choix de remettre le perdant dans la lumière. En clair, qu’y avait-il à gagner à sauver ainsi le soldat Yanno ? À bien y regarder, on constate que dans le mariage, la corbeille ne manque pas de cadeaux.

D’abord, la désignation de Yanno à la présidence du congrès a provoqué des grincements de dents au sein même de l’UCF dont les coleaders ont l’impression d’être les dindons de la farce. La façade de la bâtisse est sacrément lézardée.

Ensuite, Yanno à la présidence du congrès n’a peut-être plus les coudées aussi franches pour réaliser son vieux rêve de retrouver son fauteuil de député. En cas de législatives partielles, et même s’il en exprimait le souhait, Yanno pourrait-il maintenant présenter sa candidature ? Pas certain… Bref, plutôt accorder le congrès à Yanno comme un hochet, que de l’avoir à nouveau au travers du chemin, même si ses chances de succès semblent minces.

Yanno est tout à son bonheur, et on le serait à moins, puisqu’il se retrouve dans les médias et les protocoles, sur les photos, et sur les rangs des dépôts de gerbe. On comprend que ça comblerait n’importe quel ego. Et puis le fait de revenir du diable Vauvert, quelle satisfaction ! Après se pose la question de l’utilité politique, de son poids, de la reconnaissance de ses pairs, et là il n’est pas certain que Yanno ait gagné quoi que ce soit. Goguenards, le FPU et Calédonie Ensemble l’observent s’agiter, tandis que les indépendantistes n’ont aucune envie d’avoir à faire avec lui. Finalement, Yanno est isolé, presqu’inutile, sinon entouré de ses derniers soutiens à l’UCF.

Du coup, on serait tenté de dire que ça n’a plus guère d’importance que Yanno soit président du congrès, ni qu’il aille à New York pétitionner devant un comité Théodule comme l’ONU en compte tant, ni qu’il visite le Nord, le Sud et les îles ou qu’il joue l’opposant à Nouméa…

Pour clore ce billet sur le mode anecdotique, Yanno fait dire aux Nouvelles qu’il paiera de sa poche son billet sur New York, ce qui fait sourire à la mairie de Nouméa où l’ex-1er adjoint n’avait guère habitué les services à une telle prodigalité.

Caton