Le système en vigueur sur notre Territoire est globalement le suivant : au niveau municipal et au niveau provincial, le corps électoral compétent est appelé à se prononcer sur le choix d’une liste de candidats. Le conseil municipal élit ensuite son maire. Les élections provinciales sont également utilisées pour la formation du Congrès ; les élus majoritaires dans chaque Province siègent à la fois au Gouvernement et à la Province, le nombre d’élus au Congrès étant pondéré en fonction du poids démographique de chacune des trois provinces. Le Gouvernement est élu par et parmi les membres du Congrès, et le Président du Gouvernement est élu par et parmi ses membres.
Les instances coutumières sont composées d’un conseil coutumier pour chacune des 8 aires coutumières du Territoire. Chaque conseil désigne deux représentants au Sénat Coutumier, composant une assemblée de 16 représentants. Cette instance est consultée sur tous les projets de textes concernant l’identité Kanak, mais n’a pas de pouvoir législatif.
Je ne m’étendrai pas sur les instances coutumières, qui ne sont pas démocratiques mais ne le feignent pas, et ne semblent pas soulever de critiques des populations concernées.
En revanche, on ose appeler démocratie le système basé sur le suffrage universel, ce qui est une escroquerie. Je m’explique :
– les électeurs sont appelés à voter pour des candidats qu’ils n’ont pas choisi eux-mêmes ; en effet, ce sont principalement les différents partis politiques qui proposent les candidatures. Si vous souhaitez soutenir ce parti, c’est pour ce candidat qu’il faudra voter.
– une fois élu, les électeurs n’ont aucun moyen de sanctionner le gagnant des élections qui ne respecterait pas ses engagements ou ses promesses, qui sont pourtant la base du choix des électeurs. Les élus ne se privent donc pas de dire tout et n’importe quoi pendant la campagne électorale, puisqu’ils ne peuvent être sanctionnés même s’ils font l’inverse.
– les élus sont rééligibles, bien que leur mandat soit déjà bien long ; étant donné le coût exorbitant d’une campagne électorale victorieuse, on peut légitimement craindre qu’un certain nombre de promesses occultes soient faites à divers sponsors, gros commerçants ou industriels, afin de financer les campagnes. Or ces financements sont assortis d’une obligation de résultat, puisqu’un élu défaillant sera puni par l’absence de financement de la campagne pour sa réélection, hypothéquant largement ses chances de succès. On peut légitimement chercher une corrélation entre un certain nombre de lois ou règlements et les avantages obtenus par les sponsors électoraux ou les élus eux-mêmes, et on en trouve.
– d’une façon inexplicable, il appartient à certains de ces élus (le législatif) de fixer les règles du droit qui s’appliquera entre autre à leurs propres activités, politiques ou économiques. Il semble que le conflit d’intérêt soit inévitable, les exemples sont légion… Pourquoi les plus fortunés achèteraient-ils les médias si ce n’est pour influencer la politique ?
Un système réellement démocratique devrait présenter les caractéristiques minimales suivantes :
– des mandats courts, 1 ou 2 ans, et des représentants non rééligibles ; ces principes permettraient de beaucoup minimiser le risque de corruption ou de clientélisme.
– la possibilité de révoquer immédiatement un représentant qui s’écarterait des objectifs fixés pour sa mandature, ce qui implique aussi un contrôle continu de l’activité des représentants
– la séparation effective des pouvoirs législatifs, exécutifs, judiciaires, économiques et médiatiques ; ceux qui préparent les lois ne sont pas les mêmes qui les votent, ni les mêmes qui les font appliquer, ni les mêmes qui punissent leur non-respect. Pas d’immunité parlementaire…
– la possibilité pour les citoyens de déclencher un référendum d’initiative populaire pour proposer une loi, proposer d’en abroger une, ou de révoquer un représentant, à condition de réunir par exemple une pétition de 1% du corps électoral
Avec ces mesures, et d’autres restent sûrement à imaginer, il me semble que le peuple pourrait reprendre une partie du pouvoir que les élites lui ont volé.
Laurent
Je suis d’accord avec la majorité de ce que tu dis, entre autre qu’il ne faut pas reproduire ce qui dysfonctionne; en revanche, améliorer une bonne idée qui fut mal appliquée, voire sabordée, ne me paraît pas ridicule.
En tous cas, encore une fois, le débat est constructif; félicitons-nous de pouvoir argumenter sans forcément finir par se cracher à la gueule, on va dans le bon sens même si nos chemins sont un peu différents.
Peut-être que déjà, si la justice faisait un peu mieux son travail devant les exploits illégaux de nos élus, on se rapprocherait un peu plus de la vraie démocratie…
Quand tu fais de la politique, tu peux boire et conduire comme un russe, tu risques rien, par exemple.
Et je ne te parle pas de toutes les autres magouilles, qui seront jugées peut-être, ou qui ne le seront jamais.
Sans oublier les ordures (oui, je pèse mes mots) qui jouent avec le feu en manipulant la jeunesse … suivez mon regard…. ceux-là méritent la potence, rien de moins !
Le problème de l’application des lois par la justice vient d’une trop grande proximité entre les juges et les justiciables en question. Bien souvent ils font partie des mêmes clubs, bouffent ensemble ou se croisent à la sortie des mêmes lycées pour récupérer leur progéniture. Ils font partie du même monde…
Si les représentants ne sont plus choisis parmi les notables, et changent souvent, ce problème n’existe plus… Il faut en finir avec les professionnels de la politique!
Ben en fait, lorsque je parle du législateur, je parle de celui qui fait les lois. Donc le gouvernement et l’assemblée qui les vote.
Qu’on soit claire, j’ai rien contre le initiatives populaires au contraire. Mais la aussi il existe les outils nécessaires mais il y a des entraves qui nous empêchent d’en faire usage…!!!
Heu non, le juge des libertés c’est un désire politique de l’Etat, il me semble que c’est sous un Gouvernement de gauche qu’on nous a pondu ça ???
Ben non, je n’ai rien demandé moi. Mais si le juge des libertés existe c’est parce que le législateur l’a créé. C’est donc bien sur le législateur qu’il faut faire pression (si tu veux sa suppression). Donc sur ton député et tes élus locaux.
S’ils ne t’écoutent pas…ben on retombe sur les propositions de Laurent, notamment la possibilité de pouvoir faire un référendum d’initiative populaire.
Non Mouton noir les lois ne sont pas appliqués et le législateur ne nous donne pas la parole…!!!!
Il ne faut pas croire que la justice “choisit” de faire de la prévention ou de la répression. La justice applique les lois du pays, si les décisions de justice ne nous conviennent pas il ne faut pas taper sur la justice, il faut changer les lois et faire pression sur le législateur.
Le référendum n’a, à mes yeux, rien du Graal démocratique qui semblent plaire à tant de monde. Il n’en reste pas moins que c’est un choix, le plus souvent entre deux possibilités imposées aux électeurs et occultant d’autres choix si tant est qu’il puisse y en avoir.
Je vous remercie de votre contribution.
Une remarque: le référendum tel que vous l’évoquez n’est pas celui auquel je pense; je vois plutôt un référendum qui suivrait un débat de société, qui serait donc “éclairé” (même si le terme est un peu galvaudé en ce moment), et surtout dont la question serait élaborée par la base, et non par des représentants élus.