Comme le disent si bien nos confrères de Nouvelle-Calédonie Première même si rien n’indique que la démission de J.J Brot soit automatiquement acceptée par le gouvernement Valls, on s’imagine mal, si cela devait se confirmer, que l’Etat puisse conserver Jean-Jacques Brot à ses fonctions après un tel éclat.
Pour ma part, c’est une forme de courage politique que j’attribue à notre Haut-Commissaire partant du principe que ses mots sont forts, voir très forts: il ne souhaite pas être le larbin qui cautionnerait un quelconque largage annoncé de la Nouvelle-Calédonie. Si ça c’est pas fort comme message pour secouer les puces de l’Etat afin de ne pas prendre à la légère le dossier calédonien bien je ne sais pas ce qu’il vous faut. Oui, c’est donc définitivement à mes yeux une forme de courage que de tirer sa révérence ainsi quand on connait le contexte des choses. Mais au fait, qu’est-ce que le courage en politique ?
A mes yeux, le courage politique, puisqu’il renvoie aux exigences du réel, implique la liberté. Une liberté d’analyse premièrement. Parce qu’il exige une vraie lucidité, il exclut le sectarisme ou l’aveuglement idéologique et ne peut s’accommoder de préjugés. Une liberté de parole ensuite : puisqu’il suppose la capacité de s’affranchir de la discipline de groupe ou de parti pour tenir bon sur ce que l’on croit juste en dépit des conformismes de son camp ou de l’opinion.
C’est aussi un acte de rupture mais qui produit, du coup et paradoxalement, des solidarités. Le courage politique, parce qu’il rappelle le collectif (la Nation avec De Gaulle) à ce qu’il doit, est bien un acte de « re-mobilisation », qui redonne en quelque sorte le moral et une morale à toute une population dans notre cas précis (et c’est ce qui s’est passé avec Jean Jacques Brot qui nous a redonné un peu d’espoir… ca faisait des années que n’en n’avions pas eu un bon comme lui).
Aussi est-ce bien de courage dont nous aurions le plus besoin aujourd’hui : si le politique doit regarder la vérité en face et la dire, le moment ne peut être que bien choisi ! D’autant que la confusion dans les esprits est aujourd’hui à son comble. C’est d’une rupture avec le discours convenu et rassurant que l’on peut espérer un sursaut du pays, un ressaisissement ! Et d’abord parce que ses dirigeants en ont beaucoup manqué hier, pratiquant une politique au rebours de leur discours
Au total, le courage devrait aujourd’hui s’exprimer de deux façons : pour expliquer les raisons pour lesquelles une politique plus visionnaire est nécessaire; et pour proposer une alternative au modèle existant qui nous a précipité dans la confusion. Les deux ne sont nullement exclusives l’une de l’autre, au point même que l’une devrait s’inscrire dans le prolongement de l’autre…
Cette démission si elle est confirmée est un message du cœur qu’il faut prendre en compte car l’homme débordant de courage politique commençait à s’attacher à ce Pays et à ses habitants, j’en suis convaincu… Si je ne vous revois pas M. Jean Jacques Brot, je vous souhaite bon vent et encore une fois, 1000 mercis pour ces nombreux coups de pieds donnés dans la fourmilière calédonienne.
