L’émanation de la cours des comptes nationale entame un contrôle de la gestion de l’Office sur la période 2007 à 2013. La CTC s’intéresse particulièrement aux télécoms et à la gestion du personnel de l’établissement monopolistique.

L’information n’est pas encore officielle mais elle a déjà créé la semaine dernière une certaine tension au sein de la direction de l’ OPT : la Chambre Territoriale des Comptes va contrôler la gestion et le fonctionnement de l’établissement sur ces six dernières années. Vigie des finances publiques, la CTC est « la garante de la gestion efficace et du bon emploi des fonds publics ». Son dernier rapport sur l’OPT concernant la période 2003-2007 avait mis en lumière, entre autres, « plusieurs entorses aux codes des marchés publics », des « placements de trésorerie incertains pour des fonds publics » et « des méthodes de gouvernance quelque peu archaïques ». Ce rapport avait fragilisé la position de l’ancien Directeur Général Jean-Yves Ollivaud qui s’était vu l’année suivante mis en examen puis condamné pour faux et détournement de fonds publics. L’affaire est toujours en cours.

Dépense et masse salariale en hausse, trésorerie en baisse

Selon des sources proches du dossier, la CTC s’intéresserait particulièrement à la stratégie de développement de l’Office durant la dernière mandature. Deux chiffres semblent pour l’heure avoir éveillé la curiosité des magistrats. Tout d’abord celui du personnel qui a connu une augmentation de 42% en seulement 5 ans. En effet, lors du précédent contrôle de la CTC, 850 agents travaillaient pour l’Office. Ils sont aujourd’hui 1207. Or, cet accroissement est sans commune mesure avec la progression du chiffre d’affaire (celui-ci a ainsi augmenté de 1,7% entre 2012 et 2013). Dans les couloirs de l’Office on évoque déjà des « passe-droits » et des emplois de « complaisance » que les juges pourraient débusquer.

Autre chiffre qui attirerait l’attention de la CTC : la trésorerie. Si l’OPT bénéficiait en 2009 de 17 milliards de francs de fonds propres et a pu depuis compter sur un bénéfice net annuel compris entre un et deux milliards (1,6 milliards en 2013), il semble qu’en l’espace de cinq années l’Office afficherait un crédit de seulement 10 milliards. La CTC compte donc bien savoir ce que sont devenus les milliards manquant et quelle utilisation en a été faite. Certains pointent déjà du doigt l’onéreuse mise en place de la 4G et du plan « fibre optique pour tous » dont le coût estimé serait de l’ordre de 20 milliards. Dans son rapport de 2008, la CTC recommandait de « libérer la concurrence privée en vue de favoriser le développement économique de la Nouvelle-Calédonie » et d’octroyer « une plus large autonomie du secteur des télécommunications » ce qui n’a semble-t-il pas été effectué depuis.

Le dernier coup de Jean-Jacques Brot ?

Plusieurs observateurs du dossier auront remarqué que la période choisie correspond à celle où Harold Martin était président du Conseil d’Administration de l’Office. Du côté des services juridiques, on indique qu’à l’instar de l’inspection de la gestion de la CCI que l’ancien Haut-commissaire avait commandé à la Chambre territoriale des comptes (notamment concernant la construction de l’aéroport de la Tontouta) Jean-Jacques Brot aurait, avant de quitter le territoire, mandaté l’institution pour enquêter sur l’OPT. Une dernière salve d’honneur pour celui qui avait marqué son intention de « veiller à la bonne utilisation des fonds publics » en Nouvelle-Calédonie. Quant au rapport de la CTC portant sur la CCI et à la rocambolesque construction de l’aéroport de la Tontouta, la chambre l’aurait finalisé et devrait le rendre public dans le courant du mois de septembre. A moins que l’Etat ne décide de repousser sa publication pour des raisons indéterminées.

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Responsable de projet dans une boite de communication de la place, comme son pseudo « Mark Felt » il est celui qui va permettre de débusquer un sujet et mener l’enquête jusqu’à sortir l’info qu’on ne trouvera nulle part ailleurs. Organisé, méticuleux et jusqu’au-boutiste, il contribue de façon sporadique au média uniquement sur des dossiers sur lesquels il a accumulé suffisamment de documents probants. Son crédo : « J’essaie d’intéresser à ce qui m’intéresse »