L’incontinence politique

L’incohérence en politique est un mal tout aussi redoutable que l’intégrisme en religion, et Pierre Frogier en souffre. Le mal qui le ronge a métastasé l’ensemble dès lors que les urnes, qu’il a en horreur, ont parlé plus fort que lui, et l’on en voit les résultats dans chacune de ses déclarations qui laissent les Calédoniens inquiets et pantois. Les psys définissent l’incohérence comme un trouble caractérisé par l’absence de lien logique dans les propos, les actes ou les idées d’une personne. Lorsque cela s’applique à un politique, on en mesure les conséquences…

Chez le sénateur, la fragilité de l’homme s’accompagne du désir puissant de faire payer cher à ceux qui se sont opposés à son destin, qu’il s’agisse de Gomès qu’il déteste ou des Calédoniens qui ne l’ont pas compris. Cela conduit Frogier à prendre des positions incompréhensibles – je songe à sa ridicule sortie isolée du comité des signataires – mais qui pèse sur le débat en ce que l’on en devine les risques et les dangers inhérents.

Il n’y a finalement rien de drôle à l’entendre faire toutes ses déclarations qui, dans leur succession, deviennent contradictoires. S’il demeure persuadé, l’air grave et pénétré, qu’elles feront date, les résultats ne sont plus au rendez-vous et cela trouble sa relation à l’Histoire. Frogier, président d’un Rump encore florissant en 2005, n’est plus à la barre que d’un radeau de la Méduse sur lequel se blottissent les derniers élus de son mouvement, et cette déconfiture, Frogier ne la veut pas la voir. Cela le conduit à mener une opposition confuse dont on ne saisi ni l’opportunité ni le sens, sinon qu’il la bâtit sur la conviction qu’il se fait du bien-fondé de son jugement. Du coup il nous pointe du doigt puisque nous ne l’avons pas compris, c’est nous les responsables et c’est donc contre nous, mais pour notre bien, qu’il lui faut désormais agir…

Le comité des signataires est l’accomplissement de cette attitude, même si son départ et sa déclaration liminaire qu’il voulait être des coups d’éclat n’ont pas eu le retentissement qu’il escomptait. Il faut dire que ces gestes ne rimaient à rien puisqu’il est parti tout seul pendant que sa délégation restait en réunion et qu’à l’issue Cynthia, Bernard et Harold ont dégagé des points positifs à ce 12ème comité, orchestrant par la même une sacrée cacophonie !

L’incohérence a cela de limité qu’elle conduit aux extrémités. Sur ce point, je n’écarte pas l’hypothèse que Frogier réveille la coalition Rump-UC-Parti travailliste en sommeil depuis son échec aux provinciales… Son grand rêve d’union des « historiques » que Frogier voudrait opposer à ceux qu’il considère comme des aventuriers, niant obstinément le fait que ceux qu’il dénonce sont maintenant majoritaires.

Frogier n’a eu de cesse de vouloir prendre de la hauteur et sa pensée divague, l’ivresse des cimes sans doute ! Et cela ne semble plus s’arrêter comme s’il était pris d’une sorte d’incontinence politique

Caton