T’as le bonjour d’Alban

Il brandit son MOU comme d’autres à une époque le faisait d’un fameux bordereau, mais Tremblier n’est pas Dreyfus, et le Zola qui lancera au profit d’Alban un J’accuse sur Prony-Pernod n’est pas encore né. Une fois dissipé, l’écran de fumée lancé sur cette affaire par Cynthia Ligeard et le Rump, laisse apparaître à nu l’indigence de la contre-attaque et son inutilité. Parce qu’en dépit de ce que certains nous disent, il y a bien une affaire Prony-Pernod et l’opinion, consciente de ce qu’on lui a dissimulé, réclame maintenant qu’on lui révèle tout.

Inconnu au bataillon, sinon du cercle restreint des très proches de l’ex-présidente de la province Sud, Alban Tremblier est désormais sur la sellette. Il y est d’autant mieux installé que la tactique qu’il a choisie n’est pas la bonne. Derrière lui en effet, se devinent les ombres des responsables du Rump qui mesurent le danger que représente pour eux la divulgation de la vérité sur cette affaire. Aussi ont-ils pris le mauvais parti de jouer la montre et de mettre en branle des subterfuges éculés. Or, lorsque l’on est de cette manière placé dans l’embarras et que se profile à l’horizon la silhouette d’un scandale, rien ne sert de miser sur le chrono, le temps n’est plus un allié.

Pour se dépêtrer du bourbier dans lequel il s’est fourré, le Rump n’a d’autre solution que de faire sauter des verrous. Hélas pour lui Alban Tremblier n’a guère l’intention d’assumer le seul rôle qu’il lui revient de jouer pour éviter la catastrophe : celui de fusible. Et en agissant ainsi, le conseiller mine de Cynthia Ligeard fragilise l’édifice du Rump, car inévitablement, et sans préjuger de la synthèse de ses travaux sur laquelle les élus provinciaux auront à se prononcer, la commission d’enquête pointera les responsabilités des uns et des autres. Mais que voulez-vous, accepter de renoncer aux postes et aux honneurs, y compris pour sauver ce qui peut encore l’être, n’est pas dans l’ADN du Rump où, bien au contraire, on s’accroche mordicus et jusqu’au bout à ce qui peut lui rester de pouvoir.

Le comportement qu’adopte le Rump en séance d’une commission d’enquête qu’il a pourtant réclamée est symptomatique des errements actuels du parti de Pierre Frogier. Chacune de ses prises de position fait apparaître un parti en dérive, sans directive ni chef, ce qui le conduit à prendre des attitudes qui laissent circonspects les Calédoniens. Que penser du soutien massif du Rump à un Martin érigé en donneur de leçon de crédibilité ? Que voir derrière l’appel du Rump à manifester tricolore trois ans après la levée du drapeau du FLNKS ? L’attitude d’un Tremblier devant la commission d’enquête procède de cet illogisme qui somme toute est audible de la part d’un mouvement qui ne conçoit toujours pas qu’il a perdu les élections et qu’il ne pèse plus tripette dans le débat politique ! Et l’isolement dans lequel s’est mis le Rump pourrait le conduire à de nouvelles extrémités, comme de retrouver avec l’UC de Goa et Wamytan la proximité qui était la leur aux belles heures de la coalition.

Caton