Allons en reconnaissance !

25
2077

De nouveaux anathèmes sont lancés par les obsédés de la cocarde… En effet, comme les couleurs des drapeaux ne flottent pas seulement dans nos cieux, nous avons chez nous des mini « snipers », des traqueurs, des embusqués dans des mauvais coups prêts à dégénérer.

Forcés de constater que l’on vit tranquillement sous les deux drapeaux flottant de concert, ils recherchent que dénoncer… et ils ont déniché quelque chose. Il se trouve qu’en bon membre du gouvernement qu’il est, Jean-Claude Briault s’est livré à une activité typiquement républicaine : procéder à une inauguration en coupant un ruban ! Voilà un sport bien traditionnel et sympathique… mais pas pour nos empêcheurs d’inaugurer en paix ! En effet, en y regardant de près, les couleurs du ruban n’étaient pas nationales, mais kanak… et nous voilà partis dans de nouvelle imprécations…

Pourtant, s’agissant de l’inauguration des locaux de l’UGPE, association de parents d’élèves qui ne fait pas mystère de ses sympathies indépendantistes, on pouvait estimer naturel ce choix de tissu. Si l’on dispose de deux emblèmes, l’un national, l’autre territorial, on imagine que c’est pour s’en servir de manière idoine… si l’on est de bonne foi. Parce que chercher la critique systématique est aussi un sport invariablement praticable… mais toujours déplorable.

Par exemple, dans le registre critique borné, on aurait pu tout autant entendre des indépendantistes outrés de voir Jean-Claude Briault brandir des ciseaux et trancher outrageusement l’oriflamme indépendantiste… On peut dire n’importe quoi, en n’importe quel sens… ou plutôt, il faudrait cesser de se livrer à ces enfantillages. Il y a tant et tant à débattre sérieusement !

Qui est contre la coexistence en bonne intelligence des diverses communautés de notre pays ? L’accord de Nouméa parle du « contrat social entre toutes les communautés qui vivent en Nouvelle-Calédonie ». Ce contrat anime notre vie de chaque jour, ensemble, naturellement respectueux les uns des autres. Notre pays est pluriel, c’est sa caractéristique ; et son originalité est de vouloir désormais vivre son pluralisme en paix. Il s’agit d’en finir avec tous les conservatismes, les attitudes figées, les postures agressives. Cela se concrétise par des petits faits qui construisent notre harmonie d’ensemble : pour rester dans le thème des couleurs symboliques, citons le président indépendantiste du congrès ceint de l’écharpe tricolore pour accueillir les représentants de la République, comme le membre du gouvernement non indépendantiste honorant une manifestation civique locale décorée des couleurs kanak. Ils n’ont pas peur de nos différentes couleurs !

Pierre Frogier, avec sa fameuse proposition, a fait un geste symbolique fort. Et la fermeté des convictions exprimées par le Rassemblement se traduit dans notre vie de tous les jours, par les multiples pratiques constantes et naturelles de se parler, de s’écouter, de se comprendre, de se serrer la main, sans arrière-pensées… C’est tout cela qui permet d’éviter les conflits avec « les autres », ceux qui sont « étranges », « étrangers ». Or en l’occurrence, nous ne parlons pas d’étrangers, mais ne parlons pas d’autres, d’ « aliens », nous parlons de nous mêmes ! On sait que le rejet de l’inconnu vient de la peur de l’inconnu. Mais ouvrons les yeux : nous nous connaissons, tous, depuis longtemps. Il y a tant de vieux broussards qui nous disent en rigolant : « c’est bien, de parler du destin commun, c’est ce qu’il faut ; mais vous n’avez rien inventé : nous, comme nos parents, nous avons toujours vécu et travaillé ensemble, nous ne demandons qu’à continuer ! ».

Nous nous connaissons au point que nous sommes souvent métissés: elle est bien là, la Calédonie plurielle. Notre union à tous s’exprime dans l’union des deux drapeaux. A partir de là, les pendules sont remises à l’heure et la tolérance réciproque illustre naturellement chaque moment de chaque jour.

Alors, plutôt que de chercher la petite bête pour faire mal, conseillons à nos concitoyens aigris de se décontracter et de chercher plutôt à se faire du bien : se connaître les uns les autres. La connaissance des différences demande d’abord un peu de courage, puis elle nous renforce et nous apaise. Il y a beaucoup de différences dans notre pays pluriel : cela a été par le passé source d’oppositions, de conflits déplorables; aujourd’hui, il est temps que cela soit source d’enrichissement et d’épanouissement. Le Rassemblement a ouvert cette voie. Mélangeons nos couleurs. Notre pays, c’est Roch Wamytan avec du bleu blanc rouge et Gaby Briault avec la flèche faîtière.
Assez de polémiques stériles. Arrêtez les imprécations, cultivez la reconnaissance.

PARTAGER
Article précédentL’art du tressage du Pandanus
Article suivantPhilippe Gomès invité de « C’est à dire »
Créateur le 18 octobre 2006 du blog Calédosphère, Franck Thériaux est papa à temps plein d'une petite fille née le 1er Juin 2012. Selon son entourage, il passe beaucoup trop de temps sur internet… Membre émérite de la rédaction, il vit aujourd'hui en métropole après 23 belles années passées sur le Caillou. Il est en contact quotidien avec l’équipe et continue à participer à la vie de son « bébé numérique »