Lettre ouverte aux signataires de l’Accord de Nouméa

32
2286

Messieurs,

Dans une très grande majorité, les citoyens calédoniens ont plébiscité l’Accord de Nouméa le 8 novembre 1998, parce qu’il nous permet, entre autre, de bâtir un destin commun à partir des réalités des uns et des autres.

14 ans après, nous constatons que de multiples obstacles s’érigent sur le chemin du destin commun, notamment en matière de droit au travail, et de droit social, souvent piétinés au nom d’une politique de profit à outrance.

L’attitude méprisante et arrogante des responsables de la Mairie de Nouméa vis-à-vis des surveillantes de cantines qui sont en grève depuis plus de 4 mois est un parfait exemple de ces obstacles qui pourraient mettre en échec la volonté de construction d’un destin commun. Le dialogue social ne doit pas être un prétexte pour s’abriter des mouvements sociaux, mais un réel espace d’une meilleure prise en compte des différents intérêts sociaux en présence dans le pays en construction.

Les responsables de la mairie de Nouméa se cachent derrière une réglementation qui maintient les surveillantes de cantine depuis des années dans une situation de précarité, de pauvreté et de misère sociale. Ces surveillantes de cantine, pour la plupart des mères de famille kanak et océaniennes, vivent avec moins de 40 000 F par mois.

Personne aujourd’hui dans un contexte de vie chère ne peut accepter ces disparités, ces traitements inégalitaires et ces injustices sociales.

La richesse du pays par son économie et par le travail doit profiter en premier lieu aux gens du pays. Il n’est pas acceptable qu’après la signature des accords politiques qui ont permis le développement et la croissance économique du pays, nos populations et particulièrement les populations KANAK et océaniennes ne puissent pas profiter socialement de ces retombées économiques.

On voit aujourd’hui s’agglutiner les multinationales avec leur logistique de pompes à sous, encore faut-il veiller à ce que ce développement ne se transforme pas en simple et pur pillage économique. Nos populations parties prenantes et acteurs volontaires au développement économique durable et raisonné de leur pays ne doivent pas être laissées sur le bord de la route.

Lutter pour le pain, c’est lutter pour la paix et vis versa. C’est également lutter pour la liberté. Il en est de même pour le destin commun qui reste à construire. Si l’on veut donner du sens au destin commun, il faut régler au plus vite la situation des surveillantes de cantine car quatre mois d’immobilisme, c’est déjà beaucoup trop d’irresponsabilités.

Mme Rosine STREETER & M Gérard JODAR
Secrétaire Générale du SLUA Président de la CNTP

PARTAGER
Article précédentCalédosphère contrôlé par Calédonie Ensemble ?
Article suivantDark Vador qui respire 10 heures !
Créateur le 18 octobre 2006 du blog Calédosphère, Franck Thériaux est papa à temps plein d'une petite fille née le 1er Juin 2012. Selon son entourage, il passe beaucoup trop de temps sur internet… Membre émérite de la rédaction, il vit aujourd'hui en métropole après 23 belles années passées sur le Caillou. Il est en contact quotidien avec l’équipe et continue à participer à la vie de son « bébé numérique »