Délinquance des mineurs : la Calédonie en danger !

Les médias calédoniens étant ce qu’ils sont, le discours prononcé par le procureur général le 7 mars dernier est passé totalement inaperçu. Quel dommage !

Devant un parterre d’autorités en tout genre, Annie Brunet-Fuster, a fait le point sur la délinquance des mineurs. Un discours courageux, déterminé et qui a le mérite de souligner enfin quelques vérités. On y apprend tout d’abord que, contrairement à ce que tentait de nous faire croire le précédent haussaire, la délinquance des mineurs est en hausse. En forte hausse. Elle a progressé de 10 points dans l’agglomération, en brousse et aux îles, et de 6,67% à Nouméa. L’autre vérité, bien plus dérangeante celle-là, est que personne ne fait rien et surtout pas les institutions provinciales ou le gouvernement. Pire, déplore le chef du parquet général : les alertes et les appels répétés lancés par la justice restent sans réponse !

Dans ce discours que l’on devrait diffuser largement (que fait le net ?), le procureur général met chacun devant ses responsabilités. La presse par exemple, inventrice de la notion de « cannabiculture », prémices à la banalisation de la culture du cannabis, à sa consommation et, à venir, à l’élaboration d’une économie parallèle et non souterraine. Et souligne, le procureur général, ce n’est pas parce que certains points du territoire sont des déserts économiques et sociaux que la culture du cannabis ne doit pas être combattue.

Annie Brunet-Fuster n’hésite pas non plus à souligner, même si elle tient à rappeler que la délinquance des mineurs concerne toutes les ethnies du territoire, qu’elle est majoritairement kanak et que de ce fait, la jeunesse kanak est en effet en danger. Mais le constat le plus navrant que dresse le procureur général est bien que, permettez-moi de la citer : « l’évolution négative d’une partie de la jeunesse n’a pas été anticipée et qu’aujourd’hui, en dépit des alertes nombreuses de l’institution judiciaire, l’accompagnement de cette jeunesse à la dérive est médiocre ». En clair, ni les provinces ni le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie ne font quoi que ce soit ! N’étant pas soutenus, ni encouragés dans leur action, les policiers, les gendarmes, les magistrats s’épuisent à travailler pour un résultat plus que décevant. De ce fait, conclut Annie Brunet-Fuster, la société calédonienne va encore souffrir longtemps de cette délinquance puisque personne, ni les institutions, ni l’école, ni les familles, ni les coutumiers ne seront parvenus à faire intégrer à cette jeunesse à la dérive, le sens des limites.

“Un policier en colère”…