Pourquoi je n’y crois plus vraiment pour ce qui est de “la lutte” contre la vie chère

Je n’irai pas manifester le 15 mai sous l’égide d’un syndicat. Pourtant, je l’ai fait ces derniers temps; la manif contre Jodar en 2009, la manif pour le drapeau commun en 2011. Mais pour ce qui est de manifester contre la vie chère le 15 mai, je refuse d’aller pour être le calédonien pigeon de ces mascarades; pour ce qui est de “la lutte” contre la vie chère, je ne crois plus en rien venant de la part de nos politiques et syndicalistes vertueux, quels qu’ils soient. Pourquoi ?

Parce que je me souviens avoir écrit un article assez virulent dans la presse locale en 2008 quand le sujet était déjà brûlant :j’exprimais mon opposition à ces imbéciles de syndicats calédoniens qui n’avaient que pour solution démagogique contre la vie chère d’augmenter les salaires: quelle raisonnement simpliste, la meilleure recette pour rameuter les adhérents et rester président ! j’expliquais dans cet article que ceci n’était qu’une fuite en avant, qu’on ne faisait pas baisser le coût de la vie en augmentant les salaires, qu’en augmentant les salaires au contraire on entretenait les prix élevés, on entretenait l’inflation, on donnait de l’argent au consommateur pour qu’il aille au final continuer d’enrichir ceux qui tiennent le commerce (quelle incohérence ! ou calcul hypocrite, je me le demande ! ), bref, que c’était une fuite en avant vers l’absurdité de la situation économique de ce pays, absurdité ainsi renforcée. En résumé, les bases de la compréhension de l’économie que nos syndicalistes semblaient ignorer; j’ai bien écrit “semblaient”.

Pourquoi je n’irai pas manifester pour être le pigeon de l’affaire ?

– parce que je ne crois plus à ces marches de benêts comme il y en a déjà eu en 2009, car elles n’ont eu strictement aucun effet, si ce n’est donner un rôle et une existence politique ou syndicale à ceux qui les organisent.

– Parce qu’à l’occasion de la visite de N. Sarkozy en août 2011, une grande manif contre la vie chère devait avoir lieu; c’était l’occasion de se faire entendre. Et puis pour des raisons mystérieuses nos syndicalistes GJ et SN ont suspendu leur mot d’ordre. Pourquoi ? Il ne fallait pas perturber la visite du Président sur l’île du bonheur ? contre quel dessous de table, quel arrangement ?

– Alors nous faire croire qu’aujourd’hui “descendre dans la rue” en mai 2013 aura un quelconque effet, c’est nous prendre pour des pigeons; les politiques laisseront passer l’événement comme on laisse passer l’orage le temps d’une journée, le soir au JT image des braves syndicalistes “meneurs” reçus au Gouvernement, autour de “la table des négociations”, on nous dira ce qu’on veut entendre, on nous servira encore la soupe d’images et de paroles qui n’amènent rien, on sera contents d’avoir fait du bruit, et puis… rien… vaseline…rideau ! une fois de plus…

Pour ce qui est de l’action politique ou syndicale, depuis les dernières élections de 2009 je ne crois en rien de la supposée sincérité de ceux qui “luttent” contre la vie chère et “travaillent” sur des “solutions et des “pistes de réflexions”; j’ai appris à reconnaitre les mots qui vous mènent en bateau; plusieurs années ont passé et ils en sont encore aux “pistes de réflexions” ! vous avez dit “foutage de gueule” ? sont-ils tellement incapables, ou sont-ils hypocrites ces professionnels de la politique et du racolage d’électeurs ? ça ne peut être que l’un ou l’autre. D’ailleurs, chers concitoyens calédoniens, à chaque fois qu’on vous répond avec la formule “pistes de réflexion”, c’est qu’on se fout de vous; en Calédonie, les pistes sont longues et mal entretenues, et se perdent dans la brousse…

5 ans déjà que j’ai écrit ce petit article sur la vie chère dans lequel je disais sans détours que les détenteurs de ces monopoles nous prenaient en otages et se remplissaient les poches sur notre dos; et pendant ces 5 ans, que s’est-il passé ? les prix n’ont cessé d’augmenter, augmenter, plus on parle de vie chère, plus on voit les chiffres monter sur les étiquettes presque chaque mois ! on se fout de notre gueule comme c’est pas permis ! Et là je refuse de modérer mes propos : il y a dans ce pays des grands groupes et des familles locales qui tiennent la grande distribution qui ne sont rien de moins que des salopards et des voleurs sans scrupules, sans amour pour ce pays, pour ses gens. Je n’ai rien contre la réussite personnelle et ceux qui font de l’argent, mais j’aimerais leur dire : avec ces milliards que vous avez déjà, vous n’êtes pas encore assez riche ? vous n’avez pas honte de voler les Calédoniens en piochant comme ça dans leur porte feuille ? Vous n’avez pas honte de les prendre ainsi en otage, car c’est bien de cela dont il s’agit.

Je trouve que l’initiative récente de Calédonie Ensemble d’avoir fait voter un texte contre les abus de position dominante est une initiative louable, et un bon point de départ. Même si je souhaite que l’application de ce texte amène du nouveau et que les prix baissent, je doute que cela suffise pour faire fortement baisser l’ensemble des prix à un niveau normal et mettre ainsi une fin définitive à la vie chère en raisons des mécanismes obscurs qui l’entretiennent. Le temps devant amener des effets, j’ose croire que cette loi devrait amener une certaine baisse des prix, sans plus, sans que l’on sorte pour de vrai de la vie chère, que l’on sorte de ces mécanismes secrets, de ces fourchettes de prix aberrantes en retrouvant des prix en rayons proches ou légèrement supérieurs (transport) aux prix en rayon en Australie, NZ, France.

Si avec le temps cette loi montre les limites de son efficacité, alors il faudra aller plus loin et frapper plus fort. Pourquoi ? Parce qu’en ce qui concerne les explications sur les causes de ces prix scandaleux, il y a quelques mois sur ce site l’intervenant Ray a écrit ceci:

“Pourquoi les produits achetés à bas prix en NZ Australie…sont revendus très chers aux calédoniens? Parce qu’il y a 2 grandes concentrations dans la distribution locale (groupe SCIE, Géant, Leader Price, Casino et groupe Carrefour, Discount…) qui se feraient la plus grosse partie de leur marge à l’extérieur et échappent, de ce fait, à la réglementation des prix calédonienne…Exemple : les centrales d’achat kiwi ou australiennes de ces groupes achètent un produit 100 F et le revendent 500 F à l’importateur calédonien du même groupe qui le revend au distributeur 550 F en respectant la marge imposée idem pour le distributeur du même groupe qui revend le produit au consommateur 600 F en respectant la marge réglementaire.

Au final, l’importateur et le distributeur respectent la réglementation des prix puisque le produit « acheté » 500 F par l’importateur calédonien est revendu 600 F au consommateur avec une marge de 100 F pour 2 intermédiaires … La réglementation des prix calédonienne est respectée alors que le consommateur calédonien, lui, s’est fait enc… parce qu’il paye 600 f un produit valant 100 F en NZ !”

Quand je vous dis que ce sont des salopards et des voleurs ! De l’évasion fiscale, des recettes qui contribuent à faire perdre de l’argent à notre pays et travaillent contre son épanouissement économique, voire l’appauvrissent, des pratiques anti-calédoniennes, indignes, honteuses, de l’amour de l’argent sans morale. Alors si on veut vraiment en finir avec cette vie chère, il faut aller plus loin et plus fort que le texte que CE a fait voter: il faut légiférer sur l’interdiction d’importer en Calédonie via un intermédiaire situé à l’étranger, interdire l’importation de tout produit qui n’aurait pas suivi un chemin direct entre le producteur étranger et le distributeur ou grossiste local. S’il doit y avoir un grossiste entre le producteur étranger et le grossiste ou distributeur local, la marge ne pourra excéder un chiffre précis comme 15%. L’ administration locale de contrôle devra recevoir pour toute autorisation d’importation un exemplaire de facture du producteur étranger directement au grossiste calédonien. S’en suit un contrôle des marges locales. La concurrence au niveau du transport maritime international et les prix devront aussi être mis sous le regard de l’administration.

A défaut, deux autres solutions me paraissent efficaces. Même si je suis un fervent défenseur de la libre entreprise et de la non main-mise du pouvoir sur l’économie, je ferais une entorse à ces principes vu la gravité de la situation. Il n’y pas de honte à sortir de ses principes et idées politiques ou économiques; pour sauver General Motors, Obama a fait de l’interventionnisme d’ Etat dans l’économie, allant à l’encontre même du penser américain. La fin justifie les moyens; devant la nécessité, la gravité des choses l’idéologie doit plier le genou. Ces deux solutions sont :

1 – Sur la base des prix en rayons en Australie, NZ ou France de ces produits alimentaires fabriqués dans ces mêmes pays, calculer un prix de transport, de transit, une marge locale maximale applicable, et un prix final autorisé en rayon en NC. Les voleurs n’auront qu’à se plier et mettre fin à leurs pratiques mafieuses.

2 – Ouvrir un Etablissement Public d’Alimentation, un service public qui achèterait directement aux producteurs australiens, néo-zélandais, français etc nos produits alimentaires de nécessité et autres produits de consommation, pour les revendre dans une grande enseigne du même nom, à des prix tels qu’ils ne feraient pas non plus de ce service public un système déficitaire, mais en équilibre; le peu de profits engendrés entreraient dans les caisses de la NC.

Nous en sommes arrivés à un point où seules des mesures très coercitives marcheront; c’est une question de volonté, de courage politique, de montrer qu’on est au service des citoyens. Courage qui peut-être sera récompensé dans les urnes dans les scrutins à venir. Ceux qui tiennent actuellement le commerce et qui ne seront pas contents n’auront qu’à aller ailleurs (et emmener leurs amis politiques avec eux !), puisqu’ils aiment si peu ce pays, ses gens.

Il y a urgence : à côté de la poudrière politique qu’est ce pays se rajoute une poudrière sociale qui s’est formée à cause de ce problème de vie chère. Soit on l’entretient, soit on la désamorce, car si les deux poudrières se combinent, on ne sait pas ou ça nous mènera. Jamais les hommes politiques de ce pays (dont certains brillent par leur nullité, leur incompétence ou fourberie) n’auront autant été mis devant leurs responsabilités pour ce qui est de la vie économique et sociale de notre île…

A eux de savoir ce qu’ils doivent faire, de savoir pourquoi ils sont élus, de montrer de quel côté ils sont.

Mister Eric