BOF DANS LA BERK

Ils sont arrivés. Ils sont là, les plénipotentiaires du Fer de Lance, invités aux frais du contribuable Calédonien pendant une dizaine de jours. Au programme, un grand nombre de déplacements, des visites, des entretiens, des débats, des colloques, entrecoupés de morning tea, de cocktails et autres libations. Tout l’aéropage s’est d’ailleurs d’ores et déjà longuement réuni pour évoquer la mise en place d’une police régionale. On n’est jamais trop prudent… des fois qu’il y ait ça et là, dans un pays insulaire de voisinage, quelque agitation, comme à Santo en 80, par exemple… Le contribuable Calédonien sera sûrement ravi d’apprendre qu’il pourrait participer financièrement à cet ambitieux projet.

Le point d’orgue du séjour, le mercredi 19 juin 2013, à 18 heures 05 précises, sera constitué par un grand moment de télévision à ne manquer sous aucun prétexte : la retransmission en direct, sur NC 1ère, du discours du remarquable Franckie Baïnimarama, le commodore BOF (Bananarama Of Fidji), venu dispenser depuis le Mwa Kaa la bonne parole en terre de BERK (Banana Erratic Republik of Kaledony)… On a hâte. Et on ne remerciera jamais assez notre service audiovisuel public de diffuser l’événement considérable. Sans doute le Commodore fera-t-il part de sa vision de la gouvernance dans les pays du Fer de Lance. C’est qu’en matière de gouvernance, entre putsch et répression, Franckie est fin connaisseur : à ce titre, il a même récemment complimenté son homologue Chinois pour la gestion toute en douceur des affaires tibétaines par l’Empire du Milieu depuis 1959.
Certains esprits chagrins objecteront que ce n’est peut-être pas par hasard que le Commodore est déclaré personna non grata dans la plupart des pays démocratiques de la planète, suite à diverses menues exactions, emprisonnement arbitraire d’un certain nombre de leaders syndicaux notamment, auxquelles s’est adonnée la junte militaire dont il assure le commandement. Mais bon, pas de quoi, sans doute, s’attarder sur de telles peccadilles.
D’ailleurs, si les observateurs mandatés il y a peu par l’Organisation Internationale du Travail et l’ONU se firent expulser de Fidji quelques heures après avoir posé le pied à Suva, c’est qu’ils avaient poussé l’outrecuidance jusqu’à formuler diverses remarques désobligeantes à l’égard du régime, relatives à sa conception un peu restrictive des libertés syndicales et individuelles.
En visite à Bruxelles, une délégation fidjienne s’est fait récemment conspuer par officiels et militants des Droits de l’Homme. Gageons qu’on ne lui réservera pas ici le même accueil : pour les autocrates et les putschistes, la BERK est manifestement une terre de partage, voire même de connivence…