LA CONJURATION DES MÉDIOCRES :

Pierre Frogier, tel Louis XV avec sa Pompadour, est donc de nouveau parvenu à installer son favori, Roch Wamytan, sous les ors d’un Congrès à majorité non indépendantiste. Reconnaissons-lui d’avoir agi un peu plus subtilement qu’en 2O11, où il lui avait carrément déclaré sa flamme dés le premier tour. Il est vrai qu’un drapeau FLNKS hissé sur les Institutions et une visite chez le Pape, ça vous scelle un couple.

Et de la même manière que Louis XV apprit de John Law, faux monnayeur de la Régence, que les billets n’ont d’existence que celle qu’on leur accorde, Pierre Frogier, sénateur évanescent et échaudé, a conservé, par devers-lui, une douloureuse souvenance de l’année 2012, annus horribilis, où tout lui échappa, électorat en même temps que crédibilité, dans un patatras ultime où il lui fallut dire adieu à l’indépendance-association et good bye aux Cook islands…

Il est écrit cependant que la peau du vieil ours de l’Île Ouen ne sera à vendre qu’une fois étendue sur la corde à linge du tanneur. Opportunément, il s’est en effet trouvé qu’un Simon en déshérence, au gyroscope idéologique définitivement hors d’usage, potentiel aimant de quelques menues pailles électorales, passa dans la sphère d’influence de l’ombrageux président rumpoïde. Aussitôt fût-il happé, tel le moucheron par la Drosera.

Dés lors, il y avait pour lui moyen de se rebecter sur le dos de celui qu’il avait éjecté du Sénat pour prendre sa place en compagnie de l’improbable compère Hilarion, monomaniaque de la plomberie, éradicateur d’adduction d’eau de tout administré contestataire.
Ainsi donc, sur des airs de flutiaux et de mandolines loyalistes, fut envoyé au casse-pipe un sénateur honoraire, avec, en deuxième rideau, un Rocky de Saint-Louis, seul véritable candidat de la nouvelle coalition RUMP/AE/LMD/Leroux/UC/PT. En effet, si Pierre Frogier avait vraiment souhaité l’élection d’un non-indépendantiste au perchoir du Congrès, il lui aurait suffit de ne présenter personne face à Gérard Poadja, président loyaliste sortant, candidat du parti des deux députés de la Nouvelle-Calédonie.

Mais bon, il convient de reconnaître au sénateur fantomatique, comme à tous les indépendantistes, associatifs ou pas, une grande cohérence. Son projet, non assumé mais que nul n’ignore, est de constituer avec ses alliés une majorité au Congrès en mai 2014. Etre le supplétif, la force d’appoint, de l’UC et du PT, suffira à son bonheur.

En revanche, que dire de l’ébaubissant MPC, dont le Président, hisseur de drapeau FLNKS sur mairie, s’est découvert une fibre révolutionnaire après sa déculottée législative, tel un ado rebelle qu’on aurait privé de sa connexion Internet ? Quelle crédibilité accorder à celui dont on sait que député encore, rumpoïde toujours il serait ?

La réponse tient dans le bulletin de vote de la seule élue du MPC, qui, n’écoutant que le courage de son président qui ne lui disait rien, s’est glorieusement abstenue de prendre position en faveur de l’un ou l’autre des candidats non-indépendantistes, tout en regrettant que l’absence d’union aboutisse à l’élection d’un indépendantiste à la présidence du Congrès.

Courage, fuyons ! Telle devrait être sans doute la devise du nouveau parti mi-chèvre mi-chou des Cartier sud.

Quant au vote rumpiste de la sus-dite lors de l’élection du bureau, aussi anecdotique qu’il soit, il démontre, si besoin était, à quel point les vieilles habitudes sont aussi tenaces que cambouis sur plumes de pétrel mazouté.

Finalement, à l’exception bien sûr de monsieur Wamytan, seule madame Brizard pourra se satisfaire de sa surprenante promotion. Gageons qu’elle saura la fêter comme il convient…

Calcyt

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