MATHIAS CHAUCHAT EST UN TYPE FORMIDABLE !

Dans le cadre des jeudis du Congrès, le professeur Chauchat a tenu conférence devant un large parterre d’élus et de citoyens. Le professeur Chauchat est venu, lesté de marmoréennes certitudes, nous faire part de ses projets institutionnels et notamment de celui d’une constitution pour la Nouvelle-Calédonie. En guise de préambule, il nous a causé de notre avenir immédiat, celui de la sortie de l’Accord. Le plus simple selon lui, serait de voter « OUI » à l’indépendance, ça sera fait, et en plus il n’y aurait dans cette hypothèse ni obligation de modifier la Constitution, ni nécessité de retourner aux urnes. Le menu inconvénient de ce vote c’est qu’évidemment la Calédonie deviendrait un état indépendant, ce que la majorité de la population ne souhaite pas, mais bon on ne va pas s’encombrer de tels détails. Attention néanmoins, il ne s’agit pas de priver les Calédoniens d’un vrai choix : ils iront au référendum. Cependant, on ne les informera au préalable que des rieuses conséquences qu’aurait un « OUI », tout en laissant de côté le « NON », lequel ne déboucherait de toute façon que sur l’horizon étriqué d’un avenir morne dans la France. « Il ne sert à rien d’éclairer le NON » a clamé monsieur Chauchat, immense et péremptoire. C’est un peu comme si votre concessionnaire automobile vous disait : « Vous pouvez certes acheter ce véhicule aux couleurs bleu, blanc, rouge, mais je ne sais rien de sa fiabilité. En revanche, le vert, bleu, rouge, avec le rond jaune, on vous le garantit à vie ». Et on sait ce que valent les garanties des vendeurs de voitures…

L’indépendance donc, mais sous quelle forme ? s’est interrogé alors Mathias Chauchat en même temps que l’assistance pantelante. Il a alors proposé quelques sources d’inspiration, notamment dans deux modèles de voisinage, les Îles Cook évidemment, c’est très tendance, même si la minuscule population, 11.000 habitants, de ce confetti appendu à la Nouvelle-Zélande rend la transposition à la Calédonie quelque peu hasardeuse, et surtout les Fidji. D’un revers de main hautain, il a balayé les procès en dictature avérée que certains organismes tels l’Organisation Internationale du Travail ou Reporters sans Frontières persistent à intenter à l’ineffable commodore Baïnimarama. Au contraire, il a vanté le modèle économique de cette contrée qui, suite à une dévaluation de sa monnaie, a vu le nombre de ses touristes croître à cadence soutenue. Qu’importe de vivre sous le joug d’une junte militaire pour peu qu’on ait de la visite…

Car bien entendu, monsieur Chauchat, dans son exposé, n’a pas omis de nous entonner ses vieilles antiennes : dévaluation, désindexation, fiscalisation à outrance, tout en admettant que du coup, le niveau de vie des Calédoniens s’en ressentirait très nettement. Selon lui, mieux vaut une pauvreté sans artifice qu’une économie florissante dopée à la défiscalisation et aux dotations d’État. Question d’honneur, voyez-vous. À ce propos, on pourrait suggérer au professeur Chauchat de s’appliquer à lui-même ses chimiothérapies financières en s’auto-désindexant et en reversant le surplus à diverses œuvres caritatives.

Et la Constitution alors ? Quel modèle ? Ne cherchons pas ce que nous possédons déjà, s’est exclamé monsieur Chauchat, perdu tout là-haut dans la ionosphère de sa réflexion éthérée. Et de nous brandir la constitution de Kanaky, rédigée, sans doute sur le modèle cubain, par le FLNKS en 1987, c’est à dire avant la chute du mur de Berlin et celle de Ceausescu, constitution finalement, selon lui, tout à fait dans l’esprit de l’Accord de Nouméa et qui ne nécessiterait de n’être modifiée qu’à la marge. On trouve en effet dans ladite une série de propositions qui, dans tous les pays où elles ont été appliquées, Albanie, Kampuchéa Démocratique et Corée du Nord, on fait la preuve de leur efficience : «  le socialisme est le principe directeur de la politique économique » (article 7), «  La propriété n’est qu’une fonction sociale » (article 8), «  le plan est la règle suprême qui s’impose aux propriétaires » (article 9), phraséologie qui fleure si bon les très riches heures du soviétisme.

Dans une ultime estocade, monsieur Chauchat a bien précisé que citoyenneté électorale ne valait pas citoyenneté calédonienne, et puis quoi encore. Avoir le droit de vote n’autorise pas tout, notamment celui au travail et au logement. D’ailleurs, afin d’endiguer les flux migratoires, il propose l’instauration d’un permis de séjour pour les Français de métropole qui auraient l’outrecuidance de poser leurs valises en Nouvelle-Calédonie. T’es pas d’ici ? Trois ans et puis c’est tout.

Et à propos de droit et de corps électoral, on n’a qu’à bien se tenir, a-t-il ajouté, sardonique. Ses amis et lui vont nous toiletter tout ça. Au karcher. Malheur à ceux qui, bien qu’installés sur notre Caillou antérieurement à 98, ont omis de s’inscrire sur les listes électorales dés leur descente d’avion. Ils seront impitoyablement traqués et déchus de leur citoyenneté, fussent-ils désormais inscrits sur les listes électorales restreintes et électeurs lors des précédentes provinciales…

En politique comme dans l’Islam, les plus radicaux des militants se recrutent chez les convertis, c’est bien connu.
Pourtant Mathias Chauchat est un type formidable. Illuminati magnifique, on devrait l’exposer au pavillon de Breteuil, à Sèvres, en tant qu’étalon-or du mysticisme ethnocentrique. Encore quelques conférences et il se pourrait, qu’à lui tout seul, il parvienne à fédérer l’ensemble du camp non indépendantiste. Contre son idéologie sectaire, bien sûr. Un signe qui ne trompe pas : LKU l’a considérablement applaudi.

Calcyt ( Tristan Derycke)