COMME UN LÉGER DOUTE…

D’abord, lorsqu’on les a vus se saisir du drapeau de la République, s’en draper fièrement, avant de partir en guerre contre notre Wamy visiteur de pape, Français par accident et ambassadeur plénipotentiaire de la BERK, Banana Erratik Republik of Kaledony, on a songé qu’il y avait une grande noblesse dans ce combat. L’UCF, s’extirpant enfin de ses tranchées bourbeuses, jaillissait en pleine lumière, baïonnette au canon, privilégiait soudain les grandes chevauchées à l’espionnage d’alcôve. Noble cause en effet que celle de dénoncer les manœuvres d’un Wamy prônant la radiation de 6700 « pas d’ici » qui eurent l’outrecuidance, en débarquant à la Tontouta en 98, ou avant, de ne pas se ruer, séance tenante, sur la mairie la plus proche afin de se faire inscrire sur les listes électorales… Au vrai, s’il parvenait à ses fins, il s’agirait sans nul doute du plus grand hold-up citoyen, de la confiscation de votes la plus impensable de tous les temps, sous la forme d’une jurisprudence qui conceptualiserait la notion de génocide électoral. Inutile, désormais, d’exploser les urnes à coups de hache, façon Eloi Machoro des années 80, suffit juste d’empêcher, par virtuelle extermination, les gens d’aller voter.

Déclarations martiales, communiqués lyriques, conférence de presse outrées, sur le thème des loyalistes-unis, voici donc notre UCF menant croisade contre l’éradicateur de Saint-Louis, au nom de tous les Calédoniens non-indépendantistes. On ne peut que les remercier de tous leurs efforts… Mais en même temps, il y a un je-ne-sais-quoi, un presque rien, une sorte de malaise indéfinissable, un vague warning qui s’allume là-bas, au loin, dans les tréfonds de notre surmoi. Bref, on a un léger doute…

Alors, évidemment on s’en défend, on se dit qu’on a mauvais esprit, qu’on est d’une nature excessivement soupçonneuse, mais voilà, c’est comme ça, on ne peut pas s’empêcher d’y penser, façon carie nichée dans une prémolaire qui se rappellerait nuitamment à nous. C’est que voyez-vous, lorsque dans notre inconscient s’entrouvre la porte du placard, forcément on a tendance à regarder ce qu’il contient… Inutile de lutter, c’est freudien. En l’occurrence, il s’agit en vrac d’une TGA karchérisée, d’un directeur de la sécurité civile nommé à la mode Soviet suprême brejnévien, d’un drapeau FLNKS levé un certain jour, sur une certaine mairie par un certain premier adjoint, d’une caution dudit apportée à la politique rumpoïde jusqu’à fin 2012, d’un bilan honteux en terme de délinquance du même, d’une proposition de déménagement de l’aérodrome de Magenta en baie de Koutio, suscitant l’hilarité générale, catalogue magmatique, que nos preux chevaliers de la Calédunie ucéfiste souhaiteraient qu’on oublie un peu. Dés lors, de là à songer que d’aucuns cherchent à nous enfumer, façon SLN sur Logicoop, il n’y a qu’une longueur de claquette.

Puis on se reprend, on s’ébroue, on se raisonne, on se dit que non, que la politique politicienne à un niveau pareil ne peut être envisagée, qu’il faut avoir foi en la nature humaine en même temps qu’en la sincérité de nos élus, de quelque bord qu’ils se situent, que dans cette affaire, éminemment citoyenne, il serait malséant de supposer chez quiconque la moindre arrière-pensée électoraliste, la moindre récupération bas de gamme…

Comme un léger doute néanmoins…

Calcyt (Tristan Derycke).