La valise ou la radiation…

Faut-il désespérer de la démocratie ? Je n’en sais fichtre rien ! Au milieu des piaillements hystériques des uns et des mâles attitudes des autres, je cherche à comprendre comment nous en sommes arrivés là. Je crois en effet, et sans doute l’ai-je déjà dit, que des juristes aux petits pieds comme ce Mathias Chauchat interprète dans cette affaire le rôle que jouèrent il y a 30 ans Machoro et sa hache. Ils ont donc devant notre histoire une importante responsabilité dont nous devrons nous souvenir.

Je vois dans cette affaire de radiation la revanche des juristes. On les avait contournés, pour cause de manque de créativité, pour proposer à la Nouvelle-Calédonie ces textes novateurs et certes iconoclastes des accords Matignon puis Nouméa. Les juristes n’avaient jamais accepté que les politiques les suppléent dans la mise en œuvre d’un nouveau droit. Les voilà tout heureux de reprendre la main et d’être à la manœuvre pour « réparer » les erreurs et remettre les choses d’équerre. Tant pis combien cela coûtera, la rectitude du droit vaut bien des radiations !

Cette affaire de radiation est aussi un avatar de l’accord de Nouméa dont chaque jour nous montre les lacunes et les manques, mais auquel nous demeurons adossés par la volonté et l’adhésion de 72 % des Calédoniens. De cet accord historique ne reste plus aujourd’hui qu’une maussade impression que tout aura été négocié à l’arrache et dans un secret coupable, et qu’il en fût du corps électoral comme il en a été du drapeau, à la manière du Rump, dans le dos des Calédoniens…

La radiation c’est une nouvelle illustration de l’hypocrisie de ces gens d’ici qui nous dirigent depuis trop longtemps. Où sont le dialogue réaffirmé et la proximité renouvelée que devait nous apporter le geste héroïque de la levée du drapeau ? Le Rump aujourd’hui cherche à faire porter la responsabilité de la catastrophe sur les seules épaules d’un Gomès parce qu’il aurait refusé d’organiser de stériles débats institutionnels en 2005-2006 ! La grande opération radiation est orchestrée par Roch Wamytan, ce leader indépendantiste avec lequel Pierre Frogier entretient d’amicales relations depuis des décennies… Souvenons-nous de la visite au pape, comme elle était symbolique ! Comme elle scellait d’évidence cette funeste complicité ! Frogier qui toute sa vie s’est rêvé un destin, voit dans Wamytan son Tjibaou à lui… Nous ne nous méfions pas assez de ces quémandeurs qui frappent à la porte de l’histoire en priant qu’on leur ouvre. Nous payons pour leurs erreurs, nous assumons leurs fautes… La radiation, une fois encore, c’est le salaire de l’ultime compromission. Je n’en démords pas et ne peux m’empêcher de sentir dans cette affaire, le fumet peu ragoutant de la duplicité… le drapeau, Wamytan au congrès, le parti travailliste au gouvernement… et maintenant les radiations. Alors après, ils peuvent bien organiser des séances extraordinaires des institutions qu’ils président pour voter, dans des élans tricolores retrouvés, des vœux inutiles que personne ne lira, le mal est fait.

Faut-il désespérer de la démocratie ? Bien sûr que non, mais plus certainement de ceux qui dans notre dos, ont créé les conditions du renoncement et de l’abaissement.

Caton

————————–