L’ÉCHO DU LUNDI (4)

Ma chère Elizabeth,

Eh bien, que de fiel vous nous avez déversé ce matin ! Quelle hargne ! Quel torrent ! Durant les cinq longues minutes de votre chronique hebdomadaire on aurait cru entendre tata Huguette après un diner chez les Lecren : et gnagnagna ceux-là sont pas gentils, et gnagnagna ceux-là y sont méchants et patati celui-ci il est très bête et patata celui-là il est tout fou. Un peu de mesure tout de même Elizabeth, à force d’imiter les sketches de Sylvie Joly vous finissez par vous caricaturer vous-même. Alors, on va basher tout ça très vite si vous le voulez bien et en venir à l’essentiel.

Ce matin on aura donc compris que, pour vous, les deux députés calédoniens sont socialistes. Ahurie par une telle sortie, Sonia Lagarde a certainement dû demander qu’on lui repasse la bande, car pour elle c’est une grande première. Du côté de Philippe Gomès, il doit moins s’étonner. Il faut dire qu’il en a entendu d’autres sur votre radio. Après s’être vu par vous traité « d’indépendantiste » tout le long de l’année 2009, vous l’avez ensuite surnommé « le gourou de l’ultra-droite » (chronique du 14/03/2011), puis de « vibrionnant député centriste » (chronique du 23/04/2013). Aujourd’hui, il vient d’effectuer sur vos ondes un magnifique « virage socialiste » (chronique du 03/03/2014). Le moins que l’on puisse dire, c’est que grâce à RRB, politiquement, il voyage.

Et puis, sur le sujet des listes électorales, pourquoi s’en prendre à « l’entente totale entre les députés calédoniens et le Premier ministre » ? Vous dîtes même que ces derniers « volent à son secours » en encensant ses propos. Mais n’avez-vous pas fait de même Elizabeth? Que disiez-vous déjà l’année dernière ? Souffrez donc – encore un petit peu – que je vous cite :

Elizabeth Nouar : « Ce Premier ministre que l’on dit un peu lisse, au discours apaisant, voire lénifiant, aura tout de même bousculé des certitudes (…) c’est dans le domaine institutionnel que Jean-Marc Ayrault a pu innover et laisser libre court à une expression moins formatée (…) et l’audace de Jean-Marc Ayrault a surpris, parce que dans la bouche d’un Premier ministre, cette petite phrase n’est bien sûr pas anodine » (chronique du 29/07/2013)

N’était-il pas beau ce Jean-Marc Ayrault que vous nous décriviez ? Bousculant les certitudes, surprenant, capable à la fois d’innovation et d’audace ? Elizabeth, si on ne se connaissait pas, je dirais que vous étiez ce jour-là socialo-compatible…

Naturellement, je comprends que la tristesse de voir rejeter toutes les demandes du sénateur Frogier vous étreint. Comité des Signataires il n’y aura pas, réforme constitutionnelle ce n’est pas encore l’heure et report des élections c’est walou. Vous avez même tressailli ce matin en prononçant le mot « électeur ». Là j’admets : j’ai eu peur pour vous, je me suis dit que vous alliez vous évanouir à la seule évocation du nom de l’ennemi. Cela dit, on comprend votre angoisse : les élections approchent.

Et ces attaques vis-à-vis de l’UCF, franchement. Un « oxymore politique », un parti « issu de divisions » tout plein des « travers de la politique de débauchage ». Si vous n’y prenez pas garde on va finir par croire que leur congrès de samedi et le départ chez eux de votre (ex)ami Bretégnier vous a touchée. Ne disiez-vous pas l‘année dernière : « Les voilà même qui s’unissent. MPC + MRC = UCF, et on s’interroge : ça fait combien de divisions ? » (chronique du 21/05/2013) Désormais, vous avez votre réponse: leurs bataillons, ce sont exactement les vôtres.

De grâce Elizabeth, prenez plutôt soin de vous. Vous ne pourrez bientôt plus défendre votre ami Pierre Frogier sur tous les flancs. “Père, gardez-vous à droite ! Père, gardez-vous à gauche !” A force de jouer les Jean-le-Bon et de gesticuler dans tous les sens, vous allez vraiment vous fatiguer.

Mais l’essentiel pour moi n’était pas là. L’essentiel c’est votre (ex)ami Wamytan. Je pensais tout de même que vous alliez évoquer ses sorties médiatiques, ses provocations et ses gesticulations. J’avais donc prévu – et je m’en excuse encore – de citer ce que vous aviez dit sur le fait d’avoir un indépendantiste à la tête du congrès dans votre chronique du 12 aout 2013. Car j’avais une question à ce sujet. Mais comme vous n’en avez pas parlé, je garderai ça pour plus tard. Peut-être lundi en huit ?

A la semaine prochaine !

Madame Montravel