The Expendables : les indéboulonnables !

Dans la vie calédonienne il y a plusieurs choses dont on n’est infoutus de se débarrasser. Il y a bien sûr ce fichu moustique qu’on arrive jamais à chopper malgré trois tortillons allumés et deux ou trois litres de Baygon aspergés dans toute la piaule. Il y a les sensitives qui réapparaissent toujours par enchantement là où on les avait enlevées la veille, jusqu’à ce qu’un peu énervés on se décide enfin un matin à bitumer tout le jardin faute de mieux. Il y a aussi les morbacs, les fausses promos à Carrefour, les pubs dans les Nouvelles ou encore le mec-qui-veut-absolument-vous-vendre-son-pain-marmite au marché parce qu’il est « super bon ». Et il courre vite le bougre.

Mais surtout, surtout, il y a les politiques.

En Calédonie, ceux-là ils sont increvables. Cherchez-pas, les hommes politiques calédoniens on peut pas s’en débarrasser. Vous avez beau ne pas voter pour eux, ou les détester, ou les éviter, ou les ignorer, ou les conspuer ou même attendre 10 ou 20 ans que le temps passe : ils sont toujours là. Inamovibles, perpétuels, indéracinables. Des immortels vous dis-je.

Regardez les trois dernières élections, qui les avaient perdues ? Gay, Martin, Frogier, Yanno, Leroux et bien d’autres. Et maintenant, regardez qui siègent dans les mairies, les institutions ou y fait la pluie et le beau temps ? Gay, Martin, Frogier, Yanno, Leroux et bien d’autres. Les mêmes.

Churchill disait un truc du genre « dans la vie on meurt qu’une seule fois, sauf en politique » et il avait bien raison. Et tel Don Corleone qui se prend huit balles dans le corps le mardi et fait la leçon à la mafia le mercredi, ils ont beau se prendre des torgnoles tous les dimanches, dès le lundi matin, les revoilà qui galopent entre le JT et la tête des assemblées.

La semaine dernière, avant d’apprendre que Vittori serait bientôt (encore) candidat à Boulouparis, j’avais même vu passer dans ma télé Jean Lèques lors d’un reportage à la mairie sur les élections européennes. Je me suis dit « c’est pas possible, lui c’était fini normalement. » Ben non, le revoilà encore.

Et Yanno ? Balayé au législatives, humilié aux municipales, même pas tête de liste aux provinciales et BOUM, le voilà président du congrès. Et Deladrière !! On dit qu’il sera au gouvernement ! Mais y-a-t-il un seul calédonien qui ait voté pour ce mec-là ces dernières années ? Ya quelque chose qui m’échappe, j’ai pas dû tout capter. Brial était vice-président, heureusement les élections ont tout changé : le revoilà vice-président.

En politique calédonienne, si tu gagnes : tu gagnes. Si tu perds : tu gagnes quand même.

Parce que franchement, ça va faire cinq ans qu’on nous parle de ces élections provinciales. Sottement, j’avais fini par croire qu’il se passerait quelque chose après. Je sais pas moi, un truc. N’importe quoi. Ben non, rien. Les mêmes. Robineau est partie, sa sœur la remplace. Leroux est pas candidat, il se retrouve au cœur des négociations entre loyalistes. Martin a rien gagné, il restera président de l’OPT. Si ça se trouve ils vont nous trouver le moyen de faire revenir Jacques Lafleur en hologramme pour animer les débats à la province sud.

Les politiques calédoniens, ce sont des zombies. Comme dans les films. Tu croies qu’ils sont normaux, mais non. Ce sont des morts-vivants, ils errent dans les institutions calédoniennes comme des damnés. Et ils se déplacent ensemble, en meute. Le pire c’est que, comme les zombies, ils s’entraident. Tous. C’est peut-être pour ça qu’ils survivent d’ailleurs. Et si ça se trouve, c’est nous qui sommes maudits.