L’énigme Didier Leroux

Si l’ancien élu n’exerce plus aucun mandat, il n’en est pas pour autant à l’écart des institutions. Il a été chargé de négocier le contrat de gouvernance solidaire avec les autres forces loyalistes. Didier Leroux, un influent homme de l’ombre en quête de… quoi ?

“Je ne recherche aucun poste d’élu lors de la prochaine mandature” Didier Leroux le déclarait lui-même sur Calédosphère dans un commentaire consacré à Prony-Pernod juste avant les provinciales. Pour l’ancien président de l’Avenir Ensemble devenu proche du Rassemblement-UMP les anciens responsables politiques devaient accepter de se mettre en retrait et laisser la place à d’autres, au premier rang desquels Cynthia Ligeard. Il rajoutait ainsi sur une radio de la place :

Je pense qu’il est temps, pour moi, de passer la main progressivement, tout en continuant à apporter mon expérience, si elle peut être utile au pays, dans un certain nombre de domaines 

Initiative personnelle ou réalisme pragmatique ? En tout état de cause Didier Leroux aura longtemps connu des difficultés de positionnement politique. Initialement, contre l’accord de Nouméa et opposant au RPCR, il fut l’un des créateurs de l’Avenir Ensemble mais il s’était dernièrement rapproché du RUMP et devint un ardent défenseur des initiatives de Pierre Frogier. Confronté à une image quelque peu surannée et personne ne se bousculant pour l’avoir sur une liste, l’ancien élu aura un temps songé à se lancer seul dans la course aux provinciales avant de changer d’avis, comme son ancien collègue Pascal Vittori. Finalement, acceptant la dernière place de la liste de Cynthia Ligeard, Didier Leroux en est devenu le président de son comité de soutien et surtout le principal soutien financier de la campagne du FPU. Mais pour quelles raisons ?

Législatives, intérêts économiques ou les deux à la fois ?

Homme d’affaire à la tête d’un « empire financier » local*, Didier Leroux a toujours su concilier son engagement politique et ses intérêts économiques. Ainsi en 2011 il s’en était publiquement pris à sa colistière Sylvie Robineau lorsque celle-ci avait décidé de réformer le remboursement des médicaments et d’en faire porter le coût aux pharmaciens. Le fondateur de l’Office Calédonien de Distribution Pharmaceutique avait alors bataillé au congrès, sans succès – et contre son propre groupe – pour faire annuler ce projet.

Rancunier, il a néanmoins obtenu la mise à l’écart de l’ex-ministre des listes provinciales. Participant aux premières loges aux négociations entre les formations loyalistes, des responsables confient qu’il a insisté pour que le secteur de la santé échoie au RUMP dans le cadre de l’élaboration du contrat de gouvernance solidaire. En l’occurrence, c’est Bernard Deladrière qui est aujourd’hui pressenti à ce poste. Faut-il croire que l’homme d’affaire aurait demandé l’annulation prochaine de la réforme Robineau en échange de son soutien financier durant la campagne ? Voire.

De plus, contrairement à ces précédentes déclarations, Didier Leroux aurait encore des ambitions politiques. Ainsi, selon un proche de Cynthia Ligeard :

Il a demandé à Pierre Frogier de pouvoir être le candidat du FPU lors des futures législatives partielles et Pierre Frogier aurait accepté 

Candidat malheureux en 1997, en 2002 et en 2007, il ambitionnerait encore de devenir député de la 1ère circonscription en succédant à Sonia Lagarde. Une candidature qui ne manquera pas de surprendre vis-à-vis de celui qui déclarait l’année dernière :

Il faut laisser de côté les personnalités qui déplaisent aux gens, j’en fais sans doute partie, vis-à-vis d’un certain nombre d’électeurs. Il faut laisser ces gens-là de côté 

Une question reste également en suspens : si Didier Leroux entend bien rester en retrait, comment expliquer qu’il soit toujours le représentant du FPU au sein des stratégiques réunions de concertation entre les trois partis non-indépendantistes majoritaires ?

* : sources Wikipedia