On ne peut pas dire, qu’à l’exception de Roch Wamytan, la Déclaration de politique générale de Cynthia Ligeard ait suscité l’enthousiasme de la classe politique. Certes l’exercice est convenu et se résume d’ordinaire à la lecture d’un catalogue, où plutôt d’un patchwork de mesures et de réformes concocté par tous les groupes politiques du congrès puisque chacun y contribue en mettant sa patte. Ce qui retient donc l’attention des analystes, c’est la part personnelle de Cynthia Ligeard à sa DPG et là il y a des choses à dire.

Pas facile d’être Malraux et la DPG de vendredi dernier montre qu’un empilage des mots, même choisis, ne fait pas un discours. Cynthia Ligeard a le tort de croire que des formules et de l’emphase suffisent à faire croire que l’on possède une réflexion et une vision politiques. Non seulement elle s’illusionne, mais cela la dessert. La DPG de la présidente du gouvernement était d’un épouvantable ennui, d’une longueur pénible et d’un vide insondable. Un discours marque la profondeur de celui qui le prononce, encore faut-il qu’il ait un sens et chez Cynthia Ligeard nous n’en avons pas trouvé.

« Renverser l’horizon », puisque c’est à cela que nous invite la présidente et je n’aurais pas la cruauté de rappeler que depuis 2012 au fil des scrutins les Calédoniens ont déjà bien renversé l’horizon, ne me paraît pas répondre aux besoins actuels de la Nouvelle-Calédonie. Pendant trois ans, la coalition dont faisait partie Cynthia Ligeard, s’est obstinée à contrer tout ce qui pouvait renverser l’horizon, à ne prendre aucune mesure véritable, à freiner le plan de lutte contre la vie chère, à creuser les régimes sociaux et à accorder aux uns et aux autres des avantages que l’on ne sait pas aujourd’hui financer…

Sa Déclaration de politique générale montre les manques de Cynthia Ligeard convaincue qu’un sourire et quelques mots peuvent faire la blague. Sa gestion de la province Sud n’est pas exempte de tout reproche, comme en témoignera notamment la commission d’enquête sur Prony-Pernod, et il y a fort à parier que ses manques se révèleront davantage au grand jour maintenant qu’elle est à la tête d’une institution gouvernementale qu’elle a déjà du mal à coacher. Car au-delà de la phraséologie de sa DPG, quelle marque a-t-elle déjà imprimée sinon son incapacité à imposer ses vues et à convaincre ses différents interlocuteurs où sa vaine tentative pour accorder l’aide judiciaire du gouvernement à son ami Tyuienon ?

Voilà donc Cynthia Ligeard avec une feuille de route qui va du service civique obligatoire à la réforme fiscale en passant par Oceania21meeting, et c’est là que les épreuves vont commencer pour la présidente du gouvernement. Cela va débuter par son exposition médiatique, ce à quoi jusqu’alors elle avait échappé, qui scrutera non plus ses discours lénifiants, mais ses actes et ses résultats. Il lui faut donc passer à autre chose que des mots, et pour la première fois sans doute de sa carrière politique, Cynthia Ligeard est au pied du mur…

Caton

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Observateur attentif de la société, Caton n'est dans ses analyses ni obtus ni extrémiste. Appartenant à une génération calédonienne qui en a vu d'autres, féru d'histoire, ce contributeur tranche au scalpel d'une plume acerbe et aiguisée nos idées reçues sur la vie politique locale. Adepte du Old School, Caton transmet au blog, depuis la fin de l'année 2012, par courrier postal une contribution portant sur un thème d'actualité qui est mise en ligne chaque semaine. Cité par Elisabeth Nouar, dans une de ses chroniques, Caton est l'un des "Sept salopards du net"
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Manu Point de départ

Evidemment nous allons observer ce pied du mur pour analyser tout ce qui va y tomber et s’y entasser!

Mimine de VOH

Merci Caton ! Nous verrons, en effet, si le maçon saura monter le mur… A n’en pas douter, il y en a encore, au moins, une qui semble ne pas avoir bien suivi le film jusqu’au bout et l’avoir compris. Je veux parler d’Elisabeth NOUAR qui nous a dit que, sommes toute, cette DPG était très bien puisqu’elle n’a pas suscité de critique… d’aucun bord que ce soit… Mais où en sont-ils pour faire, de l’indifférence suscitée, un succès ?

Mimine de VOH

Merci Caton ! Nous verrons, en effet, si le maçon saura monter le mur… Malgré tout, je m’interroge. Toutefois, il y en a encore une, au moins, qui semble ne pas avoir bien suivi le film jusqu’au bout et l’avoir compris.  Je veux parler d’Elisabeth NOUAR qui nous a dit que, sommes toute, cette DPG était très bien puisqu’elle n’a suscité de critique d’aucun bord que ce soit… Où en sont-ils pour en être réduits à faire, de l’Indifférence, un succès ?

Antipodeanman2207S

Excellente contribution ( partagé en l’avis qu’elle apporte) à la vie de ce blog, qui progressivement chaque jour devient plus soignée et mature.

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