Comment Pierre FROGIER a tué le Rassemblement ?

29
2250

frogier-2Que reste t’il du grand RPCR de Jacques LAFLEUR, celui de la fin des années 90 ? Le RPCR qui, à l’époque, avait su rassembler l’ensemble de la famille loyaliste afin d’incarner une force d’opposition crédible au FLNKS en devenant le rempart contre l’indépendance.

Il n’en reste pas grand chose à vrai dire, mis à part de vieilles méthodes et certaines personnes accrochées à leur mandat, soit pour des raisons de subsistances soit pour tenter désespérément d’entrer dans l’Histoire afin de ressembler un temps soit peu à Jacques LAFLEUR.

Si nous étions dans l’émission « faites entrer l’accusé » nous pourrions poser la question, « mais que s’est il donc bien passé pour que le Rassemblement (ex RPCR) en arrive là » ?

Tout débuta en 2005, avec l’élection de Pierre FROGIER à la présidence du Rassemblement. Cette période devait incarner le renouveau du parti, elle était porteuse d’espoir pour tous ceux qui souhaitaient voir le Rassemblement se rénover, se moderniser, un Rassemblement où la parole puisse circuler librement. Une rénovation qui devait permettre de redevenir, le parti, qui rassemblait les loyalistes.

Malheureusement, c’est l’inverse qui se produisit.

Dans un premier temps, Jacques LAFLEUR quitta le parti qu’il avait lui même créé il y a bien des années. A cette époque, le clan du Mont Dore s’était félicité d’avoir réussi à mettre à la porte le vieux chef qui risquait à tout moment de remettre la suprématie de Pierre FROGIER en cause. Ce dernier n’a fait aucun geste pour retenir l’homme à qui il devait toute sa carrière politique.

Jacques LAFLEUR créa la RPC et emmena avec lui des milliers de personnes. 29 décembre 2005 première scission.

Quelques années plus tard, ce fut au tour de Simon LOUECKHOTE de quitter le Rassemblement. Il ne supportait plus la politique interne menée par Pierre FROGIER et ses amis du Mont Dore. L’ex sénateur créa à son tour son parti politique, le LMD, emmenant avec lui quelques centaines de personnes.

La direction du RUMP estima à l’époque ce départ sans conséquence, Simon ne pesant (politiquement) rien. Octobre 2006 deuxième scission

Arriva 2010 et l’annonce par Pierre FROGIER de lever le drapeau du FLNKS aux côtés de celui de la République. Décision qui aurait pu être comprise à minima par les cadres du parti sauf que celle-ci leur fut, comme à l’ensemble des calédoniens, imposée un soir, à la mairie de Nouméa, suivie d’une annonce dans la presse le lendemain même. L’ex député YANNO apprit la nouvelle à l’aéroport de Tokyo, en lisant le quotidien local.

Cette décision entraîna le départ de Philippe BLAISE, alors chef de groupe de Rassemblement à la Mairie de Nouméa, et avec lui d’un certain nombre de cadres et de militants n’acceptant pas la dérive indépendantiste de Pierre FROGIER. On aurait pu croire que les dirigeants du RUMP, pour ne pas diviser plus encore leur parti, auraient essayé de retenir Philippe BLAISE. Il n’en fut rien et ce dernier n’eut, en guise d’au revoir, qu’une douce parole du poète Eric GAY « va te faire en… , la porte est grande ouverte».

C’est ainsi que le MRC se créa. Février 2012 troisième scission

Pierre FROGIER, toujours certain de détenir la vérité, décida alors d’accélérer le pas avec ses amis indépendantistes en leur offrant la présidence du congrès de la Nouvelle-Calédonie et la réhabilitation des squats. Ce cumul de décisions unilatérales entraîna la perte de 6000 électeurs aux législatives et donc des deux postes de députés, offert sur un plateau à Calédonie Ensemble.

Ces élections législatives de 2012 ont constitué la quatrième scission du RUMP, la plus grave, celle des électeurs.

Enfin, depuis quelques temps, certaines membres du Rassemblement dont l’ex député YANNO, les jeunes cadres Sonia BACKES et Gil BRIAL, Pierre BRETEGNIER, le Sénateur VENDEGOU, sont fermement décidés à faire changer de cap au Rassemblement pour que celui-ci retrouve ses valeurs et redevienne le premier parti politique de la Nouvelle-Calédonie. Aujourd’hui, avec regret, le constat désolant est que ces personnes sont manifestement désignées comme des traîtres par le clan du Mont Dore, lequel veut préserver coûte que coûte, l’hégémonie de Pierre FROGIER.

Cette attitude annonce les prémices de l’ultime scission pour Rassemblement, celle qui fera disparaitre ce parti du paysage politique calédonien du fait de l’entêtement d’un homme.