Une pilule dure à Valé

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vale nouvelle caledonie

Pendant qu’orgueilleusement l’usine du Nord resplendit, le projet du Sud est le chat noir du développement industriel calédonien. Une sorte de projet maudit dans lequel on espère, mais dont on doute sérieusement. Comme si Goro payait le péché originel de son attribution dans les conditions critiquables que l’on sait par Jacques Lafleur.

Goro est un Sisyphe dont le rocher ne cesse de dévaler la pente. Outre que la fiabilité du procédé métallurgique semble toujours sujette à caution, le chemin de mise en route de l’usine est pavé de problèmes, de soucis et de controverses. Avons-nous oublié que le projet fût arrêté et qu’il s’en est fallu de peu qu’il ne vît jamais le jour ? Toutes les étapes furent des épreuves : des changements d’actionnaires, des retards, des incidents, des contestations, des manifestations, des heurts. Un faisceau d’évènements qui fait dire aux Calédoniens que là-bas, rien ne fonctionne.

Quel désastre ! D’autant plus douloureux qu’il y a des centaines, des milliers d’emplois à la clef, et des retombées économiques dont on attend beaucoup. À chaque nouvel incident, le dilemme entre réalité socio-économique et impératif financier et environnemental se creuse davantage.

S’il y a désastre, il y a responsable. L’industriel bien sûr qui, à chaque incident, fait la preuve que Goro, présenté comme industriellement novateur, n’a pas dépassé sa qualité de test. Comment va-t-il s’y prendre pour retrouver la confiance des populations du Sud en particulier et des Calédoniens en général ?

Responsable : la province Sud. Celle de Lafleur, Frogier et Ligeard, habituée à servilement courber l’échine devant les grands industriels et à avaliser sans moufter leur moindre décision. Cette province Sud-là, outre qu’elle a bradé tout ce qui pouvait être soldé de notre sol, de nos richesses, a fait montre de la plus grande pusillanimité lorsqu’il s’est agi de remettre un peu d’ordre dans ce qui ne cessait de partir à vau-l’eau. À chaque fois, dans les négociations qu’ils ont engagées avec l’industriel, les pontes du Rump se sont moins bien débrouillés que les Inuits canadiens, c’est dire !

Tout cela est fort désolant puisqu’à ces questions, sans réponse, de fiabilité et de confiance, viennent s’ajouter inutiles les exactions de quelques excités du bocal qui trouvent là prétexte à bouffer du flic et du blanc, à réclamer kanaky et à troubler le fragile ordre social calédonien qui n’en a pas besoin.

Une fois posés ces tristes constats, que nous reste-t-il ? On peut faire comme le Rump nous l’a appris, à savoir de rester les bras ballants en espérant que ça se tasse pour passer à autre chose. Mais ça n’est plus suffisant. Le dernier incident en date sur le site de Goro comme les échauffourées de Saint-Louis de ce week-end, réclament un réveil des institutions. Il est temps d’établir des règles et de s’y conformer, que des lignes directrices soient tracées et une politique établie. Parce que je crains que cette fois-ci, la ligne rouge ait été franchie.

Caton

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Observateur attentif de la société, Caton n'est dans ses analyses ni obtus ni extrémiste. Appartenant à une génération calédonienne qui en a vu d'autres, féru d'histoire, ce contributeur tranche au scalpel d'une plume acerbe et aiguisée nos idées reçues sur la vie politique locale. Adepte du Old School, Caton transmet au blog, depuis la fin de l'année 2012, par courrier postal une contribution portant sur un thème d'actualité qui est mise en ligne chaque semaine. Cité par Elisabeth Nouar, dans une de ses chroniques, Caton est l'un des "Sept salopards du net"