L’ivresse de la violence nous guette

6
4197

violence

Depuis quelque mois, il plane comme une odeur nauséabonde sur la Nouvelle Calédonie. Des apprentis sorciers sont en train de nous concocter un mélange infâme mêlant intolérance, violence, radicalisation voire, pour certains, une touche de nazisme à peine voilée.

Pourtant, en 1998, tout avait bien commencé. La Nouvelle Calédonie pouvait espérer un destin partagé entre toutes les communautés, sur un pied d’égalité et avec une forte empreinte de respect mutuel. Mais il y avait un ‘hic’. Pour vivre ensemble, il faut le vouloir. Cela ne se résume pas à la tolérance de l’autre. Et malheureusement, il faut reconnaitre qu’une partie des indépendantistes et des loyalistes n’avaient pas du tout envie de créer une société multiculturelle. Pour certains, nous sommes des accueillis tout au plus et ils sont les premiers occupants. pour les autres, les kanaks sont LE problème de la Nouvelle Calédonie. Mais actuellement, les échéances approchant, il faut cependant reconnaitre que ce sont les ultra indépendantistes qui sont à la manoeuvre.

Pour mieux assoir leurs théories, ils sont passés d’une phase de discrimination positive (et légitime) de la culture kanak à une phase d’éradication pure et simple des autres cultures. Car il ne faut pas s’y tromper, quelques bien pensants et sachants ont entrepris d’effacer les stigmates de tout ce qui n’est pas kanak. Quand la suppression est trop visible, l’assimilation est privilégiée. C’est ainsi que le château Haegen a été gratifié d’un jardin Kanak. Dans les médias traditionnels, c’est la même politique avec la disparition progressive de tout ce qui n’est pas kanak. Le « non Kanak », cela fait désordre et il ne faut surtout pas le mettre en valeur.

Légitime pour certains, cette démarche n’en est pas moins le révélateur du malaise ambiant et des promesses qu’ils ont faites à une partie de la jeunesse désoeuvrée pour justifier leur incapacité à élaborer un vrai projet de société.

Mais la Nouvelle Calédonie, ne vous en déplaise, ne devra son salut qu’à l’avènement d’une société multiculturelle généreuse et ouverte à tous ceux qui ont envie d’y vivre. Elle devra par ailleurs reconnaitre qu »elle est composée de groupes qui, tous, sans exception sont venus d’ailleurs. Les Kanaks doivent ainsi reconnaitre leur part d’ombre dans la disparition des Lapitas, faute de quoi, on risque de se retrouver dans un schéma ‘palestine vs isarel’, avec les dérives qui vont avec. Car la notion du premier occupant appelle toujours une contestation et on finit par trouver un mec qui est arrivé avant (un peu comme la blague entre les caldoches et les « zoreils » : qu’est ce qu’un caldoche ? ben c’est un zoreil qui est arrivé avant).

Arrêtons de vivre dans un passé qui nous emplit de haine et qui nous enivre des volutes de la violence. Chacun doit maintenant accepter les parts d’ombre de son histoire pour pouvoir construire, avec l’ensemble des communautés, une société dont la richesse n’aura pas d’égal. Qui peut en effet se prévaloir de ce kaléidoscope, à la fois mélanésien, océanien, européen, et asiatique ? Ne voyez vous pas que cette diversité fait notre force et qu’ensemble nous sommes plus forts et surtout plus clairvoyants.

Oeuvrons de concert pour le développement de la Nouvelle Calédonie, non pour nous, mais pour nos enfants qui méritent autre chose que le spectacle de plus en plus affligeant que nous leurs offrons. Si nous ne sommes pas tous des calédoniens de par nos divergences ou nos conceptions politiques, eux sont tous des enfants de ce pays..

A moins que nous soyons déjà entrés dans un chapitre plus sombre de notre histoire. A ce sujet, relisez le livre ‘Thio la honte’ et voyez où tout cela peut nous mener. Mais l’espace d’un instant, imaginez que les rôles ne sont pas écrits et pourraient aussi bien s’inverser. Vous aurez alors une idée de ce qu’est l’ivresse de la violence et de ce que cela engendrera.

J’aime toutefois penser que nous valons un peu mieux que cela.

Salam Alikoum