Nous avons un problème !

L’agression violente d’un caviste à Ouémo par une bande de jeunes qui l’ont frappé avant de piller son magasin, n’est pas qu’un simple fait-divers sur lequel on jette un œil plus ou moins attentif avant que de passer à autre chose. L’agression n’avait d’autre objet que de se servir en alcool pour ensuite s’enivrer jusqu’à plus soif, comme ces bandes le font tout les week-ends. L’agression de ce commerçant pose avec une nouvelle acuité la question de l’alcool en Nouvelle-Calédonie.

L’alcool est omniprésent, et depuis longtemps, en Calédonie. Du coup de fête à la beuverie sans nom, les Calédoniens ont un rapport étroit et maladif avec l’alcool, à tel point que pour l’expliquer, où l’excuser, on évoque je ne sais quel aspect « culturel » quasiment anthropologique ou sociologique… Ça donne une sorte d’admittatur au fait que chez nous, nous buvons beaucoup trop et plus souvent que chez d’autres. Mais les choses ne peuvent plus durer et si tout le monde en est bien conscient, on ne peut pas dire que l’on se soit attaqué avec rage et détermination à régler le problème.

Il n’y a pas de dispositif digne de ce nom, pour lutter contre l’alcoolisme en Calédonie. Quelques associations, comme l’APAA, s’y sont attaquées par le passé, mais l’inertie coupable des pouvoirs publics a découragé ces chevaliers bénévoles. Du coup, on laisse les choses se faire et l’on continue ainsi à autoriser la publicité pour les alcools (la bière) dans les publications. L’interdiction de vente d’alcool le week-end est d’une rare inefficacité, mais on la laisse en vigueur, histoire de dire que l’on aura au moins essayé un truc. Cette fameuse interdiction n’a pas fait baisser d’un millilitre la consommation d’alcool le week-end et l’on ne peut pas s’empêcher de raccorder l’agression de Ouémo comme l’une des conséquences de cette interdiction.

Le plan ISA aurait pu être une alternative à la condition qu’il ne soit pas présenté à la hussarde et que sa conception ait été le fruit d’un vrai consensus politique et économique, et non pas qu’il constitue un outil électoral au profit de quelques-uns. Sans compter que les lobbys auront été particulièrement efficaces pour torpiller l’affaire.

Bref, nous avons un problème.
À force de tergiverser ou de faire le choix de solutions qui n’en étaient pas, nous sommes arrivés au moment où l’on a l’impression qu’il n’y a plus rien à faire et qu’il faut désormais considérer l’alcool comme une fatalité. Il faudrait nous déciller les yeux, chercher ailleurs les exemples qui ont fonctionné, augmenter le nombre de cellules de dégrisement, simplifier le travail des policiers et des gendarmes en butte à des procédures contraignantes dans leur lutte contre l’ivresse publique et manifeste…

On peut aussi laisser les choses en l’état puisque l’on semble s’en être accommodé jusqu’à présent. D’autant que la lutte contre le fléau n’est pas du seul ressort des politiques, mais bon… Sur cette question comme sur tant d’autres, peut-on compter sur l’école, la coutume, la famille, la justice ?

Caton