Nostalgique de sa gloire perdue, l’UC vient nous menacer, le doigt sous le nez, jetant des imprécations et des anathèmes, histoire de nous effrayer. Le discours de Goa a claqué comme la caillasse d’un voyou de Saint-Louis sur le pare-brise de la Nouvelle-Calédonie. La technique est éprouvée de faire parler la foudre quand on n’a plus rien à dire, et de pratiquer la politique de la chaise vide avant celle de la terre brulée pour masquer les manques. Combien de fois par le passé, l’UC nous a-t-elle joué cette partie ? Cela n’a jamais empêché la Calédonie d’avancer, mais j’en conviens : la posture martiale de l’UC les poings sur les hanches et le menton relevé, a quelque chose d’énervant.

Les sondages, les analyses puis le verdict des urnes agissent comme un chiffon rouge aux cornes de l’Union Calédonienne qui elle aussi fait les comptes et conclue qu’ils ne seront jamais bons. Sans son triturage des listes électorales comme ultime combat, l’UC n’a d’autre alternative que d’admettre que le grand rêve d’indépendance demeurera mort-né. Or, l’indépendance, quoiqu’on puisse la combattre ou la nier, constitue bien l’espoir de toute une partie de la population calédonienne. Ne se résolvant pas à désespérer et c’est bien normal, l’UC juge que tous les coups sont permis et toutes les armes admises pour tenter coûte que coûte, d’atteindre le nirvana. Dans ses outrances, le discours de Goa, comme certains autres de ses collègues par le passé, découle de cette logique restreinte. Et la Nouvelle-Calédonie, qui aime parfois se faire peur, tremble aux échos de la diatribe du président de l’UC. Des frissons inutiles…

Les limites ont été franchies il y a trente ans dans la mort et la souffrance, et pour d’autres résultats que la prise de conscience dans les larmes qu’aucune indépendance viable ne surgirait un jour de la lutte armée. Qui prendrait aujourd’hui face au monde, le risque de nouveaux troubles ? L’UC, cette somme de courants contraires quelques fois aux affaires, parfois à ses limes ou tout simplement nulle part, n’est jamais parvenue depuis le drame de 89, à délimiter un discours cohérent et fondateur. De ce désert idéologique, ne s’extraient que la revendication et ses ressorts, qui font qu’à l’instar des pilotes d’Air France, l’UC réclame le pain pour obtenir les miettes. De Houaïlou ce 27 septembre n’est sorti que la vague promesse de rédaction d’un projet politique, il était quand même temps ! 25 ans qu’on attend… Et c’est pourtant un premier pas qui mérite l’attention. L’UC s’aperçoit que rien de bon ne peut venir de la provocation si elle résonne dans le vide. La perspective que dresse l’UC d’une proposition d’un projet peut changer la nature des choses et si cela doit passer par des postures belliqueuses et la démonstration de gros muscles, pourquoi s’en apeurer ?

Les successeurs de Tjibaou n’ont jamais pu endosser un costume trop grand pour eux, et l’idée même de construction d’une éventuelle indépendance en a souffert, il faut en prendre notre parti. Il faut donc convenir de l’appauvrissement des idées, voire même des convictions, qu’a constitué le passage de Tjibaou à Goa, comme de Lafleur à Frogier. Les temps ont leurs hommes, nous avons aussi ceux-là et il faut faire avec…

Caton

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Observateur attentif de la société, Caton n'est dans ses analyses ni obtus ni extrémiste. Appartenant à une génération calédonienne qui en a vu d'autres, féru d'histoire, ce contributeur tranche au scalpel d'une plume acerbe et aiguisée nos idées reçues sur la vie politique locale. Adepte du Old School, Caton transmet au blog, depuis la fin de l'année 2012, par courrier postal une contribution portant sur un thème d'actualité qui est mise en ligne chaque semaine. Cité par Elisabeth Nouar, dans une de ses chroniques, Caton est l'un des "Sept salopards du net"
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gadjo

Difficile de rajouter quelque chose , l uc est effectivement un parti aux multiples visages en fonction des opportunites du moment ou des alliances passees avec les loyalistes avec pour toile de fond gros sous et ptits arrangements secrets . Aujourd hui le seul parti independantiste serieux c est le palika , l uc tout comme le rump font partie du folklore caledonien herite d un autre age , un peu comme une telenovelas .

gil

Un peu trop intellectuel cet article , l’ uc ne changera pas tant qu une majorité de kanak sera pour l’indépendance.  Car quoi que l’uc dise, c’est avant tout une indépendance pour le peuple kanak qu elle travaille

DeGaullecagou69

Le seule  point en commun qu’a Frogier avec son ancien big boss est d’entrer dans un gouvernement central. 

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