La classe politique locale, cette classe d’école

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Quand on regarde une salle de classe quelle qu’elle soit, on retrouve toujours plus ou moins les mêmes personnages. A se demander si ceux qui constituent les listes d’élèves s’arrangent pour respecter un quelconque savant mélange ou s’il faut finalement toujours un fayot, un caïd, un délégué de classe un peu rebelle, l’idiot du fond de la classe, le doux rêveur, afin qu’on respecte dans chaque classe et chaque année les mêmes équilibres.

Dans la classe politique, c’est pareil. On observe tous ces personnages, de manière encore plus caricaturale, que dans une salle de classe.

Les deux premiers qu’on remarque, c’est toujours le fayot et le caïd.

Le fayot : c’est celui qui ne défend jamais ses copains, qui est content quand on lui demande de prendre la place du prof et d’expliquer ce qu’il croit devoir dire. Une fois en place, il parle, il parle, et il s’écoute parler. Il aime pas la bande d’en face mais il voudrait bien qu’ils l’aiment. Quand l’un des profs se fait virer et se fait remplacer par un copain du méchant directeur, il est le premier à l’accueillir à bras ouverts. Il sait que l’ensemble de l’école va souffrir de l’arrivée de ce nouveau prof, mais lui il est content car il se dit que, comme il l’a accueilli le premier, le prof sera sympa avec lui. Que l’école ferme, lui il s’en fout, du moment que le prof l’aime.

Le problème du fayot, c’est que tout le monde le déteste, et que souvent, il finit par se faire casser la gueule, un jour, au fond de la cour. Sans que ça gène personne.

Le caïd : lui on le voit. Normal, il est bien sapé. Le caleçon qui dépasse du jean, la parole facile, il méprise tous les autres. D’ailleurs les autres le craignent. On ne sait pas trop s’il tape, mais il menace tellement de le faire que tout le monde tremble. Il a piqué les billes d’un peu tout le monde mais personne n’ose le dire au prof. Il dit qu’il n’a peur de rien, même pas de la bande d’en face. Il veut juste les dominer. Quand l’un des profs se fait virer et se fait remplacer par un copain du méchant directeur, il ne dit rien, il prépare ses prochains vols de billes. Mais en vérité, il a déjà été cherché dans le passé du nouveau prof de quoi le faire chanter. Lui ce qu’il veut, c’est être le chef de l’école. Le chef suprême.

Le problème du caïd, c’est que souvent, il finit en prison. Sans que ça gène personne.

Le doux rêveur : lui, il a les oreilles décollées, comme des radars tournés vers les étoiles. Lui, il s’imagine toujours vivre dans un monde où tout le monde il est gentil et où tout le monde lui veut du bien. Lui, il s’imagine que la bande d’en face, ils vont accepter de partir de leur terrain pour le lui laisser, comme ça, juste parce qu’il a accepté de mettre leur fanion dans la classe.

Le problème du doux rêveur, c’est que lorsqu’il revient dans la vrai vie, et qu’il se rend compte que non seulement la bande d’en face ne veut pas lui laisser son terrain mais qu’en plus, elle veut piquer le sien. Alors il rentre en dépression. Sans que ça gène personne.

La déléguée de classe : elle, elle a des idéaux. A revendre. Pour elle, l’injustice est un combat permanent. Pas question que la bande d’à côté gagne une once de terrain. Elle, quand l’un des profs se fait virer et se fait remplacer par un copain du méchant directeur, elle ne se laisse pas faire, elle organise une manifestation dans l’école, fait signer une pétition, elle beugle, elle arrête pas. Elle se fait taper dessus par le caïd, mais elle s’en fout.

Le problème avec la déléguée, c’est qu’elle veut être plus que déléguée de la classe. Pour avancer, elle se dit qu’il faut qu’elle soit déléguée de l’école, du pays, du mânde entier ! Du coup, elle exaspère pas mal, à commencer par le caïd et le fayot, qui sont prêts à s’unir pour ne pas qu’elle continue. Sans que ça gène personne.

Des fois même, elles sont deux déléguées, et des fois, elles portent le même prénom. C’est dingue !

Après y’a tous les autres, les laborieux, les tricheurs, les sérieux, les branleurs, les idiots, les fils de riche… Ils étaient déjà comme ça étant petit. Et on les retrouve tous, là, dans la classe politique locale. Et vous, vous les reconnaissez ?